Test ni réussi ni raté pour la première grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Près de 10 000 personnes ont défilé sous la pluie à Paris, 5000 à Marseille, 4000 à Lyon et entre 1000 et 3000 dans les autres grandes villes de France. Au total, le nombre de manifestants dépasse les 100000 sur l’ensemble du territoire – 150 000 selon la CGT – ce qui ne représente pas vraiment une démonstration de force. Mais à la décharge de cette première petite journée interprofessionnelle, le contenu de la prochaine réforme reste flou sur de nombreux points et aucun projet de loi ne sera présenté avant les premiers mois de 2020.
Dés le mois de juillet et la sortie des préconisations du rapport Delevoye incluant âge pivot et décote, la CGT avait unilatéralement fixé le 24 septembre comme date du début des hostilités contre la réforme des retraites. De son côté, Force ouvrière cochait sur son agenda le samedi 21 septembre pour une montée nationale dans la capitale, où elle a finalement réuni 8000 militants. Mais depuis la fin de l’été, le gouvernement s’attache à désamorcer une mobilisation qui s’annonce dangereuse pour le pouvoir. Le calendrier de la réforme a été allongé incluant de nouvelles phases de discussions jusqu’à la fin de l’année, pour une proposition de texte de loi dans le premier semestre de l’an prochain. Pour déminer le terrain des régimes spéciaux, le gouvernement évoque même l’année 2040 pour que toutes les caisses intègrent le régime unique, et se dit ouvert à des aménagements.
Cependant, bien que l’imminence de la réforme s’éloigne, la CGT a maintenu sa date de rentrée et a reçu le renfort de Solidaires et de la FSU. Il est vrai que malgré le flou entretenu par l’exécutif, la finalité de la réforme est connue : faire travailler les salariés plus longtemps et réduire le taux de recouvrement, donc les pensions. Pour autant, les salariés ne sont pas descendus massivement dans la rue aujourd’hui. Mais il ne s’agit que des premières escarmouches d’une bataille de longue haleine. Déjà une nouvelle date émerge. Les syndicats de la RATP préparent une grève reconductible pour le 5 décembre. Aujourd’hui, le syndicat Sud-Rail a annoncé qu’il rejoignait cette perspective.
Photo : Constance Meylan
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