Grève à Stellantis Poissy

Grève à Stellantis Poissy : « On est sans doute à 18 mois de la fin »

Ils ne veulent pas que leur usine se vide alors ils l’ont occupée.

Mardi 15 avril, 200 salariés du constructeur automobile Stellantis Poissy dans les Yvelines (78) ont débrayé pendant près de trois heures le travail et se sont rassemblés en Assemblée Générale « dans le cadre d’une première action collective ». Ces ouvriers de la chaîne de production, issus du montage, du ferrage, de la peinture, de l’emboutissage ont été rejoints pour la première fois par des sous-traitants de Stellantis comme GSF, Derichebourg, Forvia, Geodis, Trigo, Veolia…

Tous redoutent l’après-production de l’Opel Mokka, actuellement conçue à Poissy. Ce modèle devrait disparaître d’ici 2028. Et aucun autre projet industriel ne serait prévu dans « la plus grosse d’Île-de-France » où travaillent 2600 personnes, dont 1 900 ouvriers. Contrairement à d’autres usines où ont été installées les plateformes STLA Small en vue de produire les futures voitures électriques.

D’après les grévistes, « la direction va procéder à une baisse brutale de la production », provoquant de nombreuses de suppressions d’emplois. « Aujourd’hui, on est sans doute à 18 mois de la fin, c’est ça qui faut se mettre dans la tête les camarades », prévient Jean pierre Mercier, délégué syndical Sud, lors de l’AG. « On a le feu aux fesses ! »

Du haut de ses 18, 6 milliards de bénéfice, Stellantis a rappelé à France 3 qu’il n’y « avait pas de projet de fermeture du site de Poissy ». A l’automne dernier, son PDG Carlos Tavares annonçait aux Échos que « la décision sera prise fin 2025, en cohérence avec la durée de vie des modèles qu’elle produit. » En Italie, l’annonce d’une baisse de la production avait entrainé en octobre 2024 une grève historique, et avait fait descendre 20 000 manifestants dans les rues de Rome.

Auprès de France 3, Stellantis a relativisé l’action du 15 avril à Poissy, parlant d’une centaine de personnes « à l’invitation d’un seul syndicat, Sud ». Selon Lutte Ouvrière, des travailleurs avaient soumis au mois de janvier une pétition pour s’engager à débrayer. 300 personnes auraient signé le texte demandant qu’aucun sigle syndical ne soir arboré. La grève a beau être soutenu par Sud, les délégués présents en AG n’ont donc pas mis leurs chasubles aux couleurs syndicales. Car « on n’en veut plus des guéguerres syndicales », soupire Jean-Pierre Mercier auprès de ses camarades. Un « comité de mobilisation indépendante des syndicats » a donc été créé. Il exige des garanties « concrètes en fonction de l’âge et de la situation familiale de chacun » en cas de licenciement. Parmi lesquelles des congés de reclassement, la garantie d’un CDI ou encore un « congé senior plus long que les trois ans ». Les grévistes ont laissé 15 jours à la direction pour répondre. Le 29 avril doit se tenir un comité social économique de l’entreprise doit se réunir. Jusqu’ici c’est « silence radio », a regretté Jean-Pierre Mercier auprès du Parisien.

Crédit Photo : capture vidéo Sud Industrie Francilien