Alors qu’une majorité de Français n’ayant jamais connu le chômage pensent que la durée d’indemnisation est trop longue, que les chômeurs ne cherchent pas vraiment d’emploi car ils risqueraient de perdre leurs allocations, les dernières données de l’Unédic sur la durée réelle d’indemnisation viennent contredire ces idées reçues.
Des fantasmes à la réalité. Tous les ans, l’Unédic édite un baromètre de la perception du chômage et de l’emploi. Et à échéance régulière, le gestionnaire de l’assurance chômage joue son rôle d’expertise en publiant ses données statistiques sur les demandeurs d’emploi. Sans surprise, l’écart entre la perception de la réalité et la réalité est patent.
Les allocations chômage ne sont pas un frein à la reprise d’emploi
C’est une idée reçue qui a la vie dure. Pour 56 % des personnes interrogées par l’Unédic, pour son baromètre, la durée d’indemnisation des chômeurs serait trop longue. Et ce malgré qu’elle ait été réduite à une durée maximale de 18 mois au lieu de 24 mois en 2023. Parallèlement, 54 % des personnes questionnées pensent que les allocations sont un frein à la reprise d’emploi.
Surfant sur cette idée majoritaire dans la population la plus éloignée du chômage, le gouvernement avait justifié la réduction de la durée d’indemnisation en 2023 par une incitation à reprendre plus rapidement un travail. Avec en sous-texte, l’idée démagogique selon laquelle les chômeurs resteraient au chômage par confort. Même si près des deux tiers des inscrits à France Travail ne sont pas indemnisés.
Une assertion contredite par les faits. Les données de l’Unédic du mois de juin 2025 indiquent qu’en moyenne les privés d’emploi ne consomment que 60 % de leurs droits au chômage. Soit une durée moyenne d’indemnisation de 11 mois pour une durée moyenne de droit de 19 mois. Autre donnée qui vient contredire l’idée selon laquelle plus on a de droits moins on cherche d’emploi : les droits courts compris entre 6 et 12 mois sont consommés à hauteur de 72 %, indique l’Unédic. Alors que les droits plus longs ne sont consommés qu’à hauteur de 54 %.
Plus on est jeune, plus on reprend vite le boulot
Loin des fantasmes, la réalité de la reprise d’emploi est directement liée aux facilités ou difficultés d’accès au marché du travail. Et en la matière, la variable d’âge influe considérablement sur le temps resté sans emploi. Ainsi, la consommation des droits est nettement plus basse pour les moins de 30 ans. Elle se situe en moyenne à 6 mois sur 15 mois de droits ouverts pour les moins de 20 ans (40%). Elle passe ensuite à 9 mois sur 17 mois pour les 20-29 ans (53%).
Passé le cap des 30 ans, les privés d’emploi restent plus longtemps au chômage. Pour autant, ils sont loin d’épuiser l’ensemble leurs droits avant de retrouver un emploi. En moyenne, ils perçoivent 11 mois d’allocations pour 18 mois de droits pour la tranche des 30-50 ans (61%). Enfin, sans surprise la durée de temps resté au chômage s’allonge pour les plus de 50 ans : 12 mois sur 19 pour les 50-52 ans (63%), puis 15 mois sur 24 mois pour les 53-56 ans.
Finalement ce n’est pas tant le chômage qui dure trop longtemps, que les préjugés qui refusent de disparaître.
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