Élisabeth Borne inflexible
En 1995, Alain Juppé était « droit dans ses bottes». Et cela ne lui avait pas réussi. En 2023, Élisabeth Borne tente de rester droite dans sa doudoune. C’est un message d’inflexibilité que la Première ministre a fait passer hier, après la plus importante manifestation sociale des trente dernières années. « La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons. Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap : assurer l’avenir de notre système par répartition. C’est notre responsabilité ! », a-t-elle écris sur Twitter. En plus d’un problème manifeste d’audition : la volonté d’enjamber la journée d’hier pour foncer vers le Parlement, en conservant le report de l’âge de départ à la retraite. Même ton ce matin de son ministre du Travail : « ce qui n’est pas négociable, c’est le retour à l’équilibre », alors que le texte fini aujourd’hui son passage en commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.
Deux mobilisations les 7 et 11 février, après une journée de manifestation record
L’information est tombée hier soir peu avant 20h : l’intersyndicale appelle de façon unitaire à deux nouvelles journées de mobilisation. Une première mardi prochain avec des grèves et manifestations. Une seconde le samedi qui suit pour permettre «d’intégrer toutes les personnes qui ne peuvent être là autrement dans notre combat ». L’intersyndicale appelle également à des « assemblées générales et heures d’informations syndicales dans tous les services ».
Ce midi, l’intersyndicale de la RAPT (CGT, FO, UNSA, CGC) a déjà fait siennes les deux dates posées par l’intersyndicale. Hier, 1,27 million de personnes sont descendus dans la rue selon le ministère de l’Intérieur (2,8 millions selon l’intersyndicale).
Mobilisation retraites le 7 et 11 février : la stratégie de l’intersyndicale décryptée
Reconduire la grève remis à plus tard dans l’éducation
Une grève militante ce vendredi dans quelques établissements scolaires de la région parisienne, mais un retour dans les classes attendu demain. L’appel à reconduire ou construire la reconductible à partir du 31 janvier, lancé par SUD-éducation et la CGT-Educ-Action, n’a pas été retenu par la plupart des assemblées générales de la journée d’hier. En cause : une participation trop faible, même si le nombre d’enseignants y était en hausse par rapport au 19 janvier. Mais aussi des personnels pas encore prêts à s’engager dans un conflit dur pour le moment.
Cependant, nombre d’AG ont prévu des actions pour permettre de construire et amplifier la mobilisation, à l’instar de celle de Paris dont un texte d’appel proposait hier, 48h de grève la semaine prochaine les 7 et 8 février, avant de connaître les dates décidées par l’intersyndicale. Demain midi, les syndicats de l’Éducation nationale se réuniront pour décider des suites de leur mobilisation, alors que les vacances scolaires par zone commencent le week-end prochain et s’étalent jusqu’à début mars.
La mobilisation peut encore grandir selon un sondage
23 % des Français se disent prêts à participer aux mobilisations, le chiffre est en hausse de trois points. La progression est même plus nette chez les moins de 25 ans : +7 points. C’est ce qui ressort d’un sondage Elabe aujourd’hui. Par ailleurs, le soutien aux mobilisations reste stable à 64 %, mais deux personnes sur trois sont maintenant favorables à une poursuite du mouvement, dont 60 % (+ 5 points) comprendraient qu’il se durcisse pour faire reculer le gouvernement.
Faisons face ensemble !
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