Quand la Covid-19 devient un véritable couteau suisse, une catastrophe pouvant servir à tout. Ici à ramener sur la table la réforme des retraites, rejetée très majoritairement par les Français l’hiver dernier. « Demain, nous rembourserons cette dette par de la croissance […] par des réformes de structure que je continue d’estimer indispensables, la première d’entre elles étant la réforme des retraites », a expliqué Bruno Le Maire, invité ce matin dans la matinale de France Inter, au lendemain de sa présentation du budget 2021. Se refusant à donner un calendrier, il a insisté sur le besoin de faire cette réforme. « Elle est nécessaire pour rétablir l’équilibre des comptes sociaux », a-t-il astucieusement argumenté, alors qu’une estimation du déficit des comptes de la sécurité sociale doit être dévoilée plus tard dans la journée. Des déficits creusés par l’écroulement des recettes en cotisations sociales, pour partie dû aux choix politiques du gouvernement.
Un sens du timing parfait pour tenter de rendre acceptable et incontournable une réforme au combien impopulaire. Et un changement de cap vis-à-vis du remboursement des dépenses liées au Covid-19 et au plan de relance de 100 milliards d’euros. « Et puis viendra le temps où il faudra effectivement rembourser cette dette. […] Et ça se fera par un seul moyen : la croissance », disait le même ministre de l’Économie, quinze jours après le déconfinement. Une ligne argumentaire tenue encore jusqu’au début du mois de septembre, face aux inquiétudes de la droite sur le creusement de la dette de l’État.
Ce retour par la fenêtre de la réforme des retraites a fait vivement réagir Yves Veyrier. « Si la priorité est l’emploi, ce ne peut être de forcer à travailler plus longtemps celles et ceux qui ont encore un emploi au moment de la retraite » a répondu le secrétaire général de Force ouvrière dans un tweet. Pas de très bonne augure pour Jean Castex qui doit réunir les partenaires sociaux au mois d’octobre dans une conférence sociale qui devra justement aborder l’évaluation et le financement de la protection sociale.
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