Un président, bientôt candidat, qui craint dégun ? C’est peut-être l’image qu’a voulu donner Emmanuel Macron à l’occasion de son déplacement de trois jours dans la cité phocéenne. Si d’une main il sort le carnet de chèque, mais pas trop, de l’autre, il distribue les claques et se laisse aller à la provocation. Un milliard pour les transports marseillais, 200 policiers et 500 caméras de vidéosurveillance dans les quartiers Nord, 250 millions pour la rénovation du bâti public et 169 millions pour celle de l’hôpital de la Timone dans un état déplorable.
Mais pour son « Marseille en grand » – nom donné à son plan pour la ville – pas de sommes annoncées pour la rénovation urgente de 174 écoles en état de délabrement. « Pas la compétente de l’État » s’explique Emmanuel Macron pour qui « on ne va pas créer un précédent, sinon tous les maires de France vont me dire “moi aussi” […], “construisez-moi mes écoles” », rapporte Maire info. Pourtant le chiffre d’un milliard d’euros avait été évoqué avant son déplacement sur un dossier particulièrement urgent et inflammable à Marseille. A la place, une « révolution » : l’expérimentation dans 50 écoles à la rentrée prochaine de directeurs managers, libres de leurs recrutements, de projets pédagogiques avec des intervenants extérieurs, et détenant une position hiérarchique renforcée sur leurs collègues professeurs des écoles. Des mesures qui scandalisent les syndicats et que la communauté enseignante n’appelle pas de ses vœux.
D’une provocation à l’autre, le chef de l’État y est allé de son couplet personnel et méprisant pour les plus précaires à propos de la polémique autour des soi-disant écrans plats achetés par les familles bénéficiant de l’allocation de rentrée scolaire : « nous serions ou aveugles ou naïfs de penser que la totalité de ce que chaque ménage touche en allocation de rentrée scolaire est reversée pour acheter des fournitures scolaires », a-t-il déclaré au micro de BFM-TV. Un certain regard, moraliste, sur les comportements des pauvres ? Peut-être tout simplement un regard de riche.
Enfin, d’un poncif à l’autre, Emmanuel Macron a étrillé les agents municipaux de la ville : « vous avez un problème avec vos agents municipaux et vous avez trop de grèves ». Puis de citer les écoles et poursuivre : « il y a tant de pourcentage qui ne sont jamais là », faisant probablement référence aux « tatas », ces personnels féminins et précaires qui s’occupent des cantines scolaires, notamment dans les 174 écoles délabrées. Et pour lesquelles la municipalité passée à gauche a limité le droit de grève en janvier dernier.
Photo : capture d’écran vidéo publiée par l’Élysée
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.