La quatrième journée de grèves et de manifestations contre la loi travail a marqué le pas d’une mobilisation entamée il y a deux mois. Appelée par la CGT, Solidaires, la FSU, l’UNEF, l’UNL, et rejoint par FO, les 170 manifestations annoncées le 16 novembre n’ont pas réussi à mobiliser les salariés contre les ordonnances. Celles-ci seront ratifiées par l’Assemblée nationale à la fin du mois.
Les ordonnances ne subiront pas le même sort que le Plan Juppé en 1995. Certes, Emmanuel Macron, comme Jacques Chirac en son temps, a été confronté précocement à une contestation de sa politique dans la rue. Comme lui, il connaît l’épreuve du feu d’un mouvement social dans les premiers six mois de son mandat. Mais ce coup-ci, les manifestations n’ont pas réuni les trois millions de personnes du mouvement de novembre-décembre 1995. Le pays n’a pas connu la même paralysie et les grèves n’ont pas été suivies.
Il est vrai que l’ancien chef de l’État avait été élu pour « réduire la fracture sociale » avant d’engager une politique prenant le contre-pied de son slogan de campagne. Emmanuel Macron, lui, à défaut de convaincre — 65 % des français se prononçaient en défaveur des ordonnances au mois d’octobre — a annoncé la couleur avant d’être élu.
Les ordonnances vont être ratifiées
Ainsi, après trois journées nationales de grèves et manifestations interprofessionnelles, la mobilisation marque le pas. Le ralliement de Force ouvrière à la journée du 16 novembre n’y change rien. La CGT annonce encore 40 000 manifestants à Paris, contre 60 000 le 12 septembre, mais la décrue est là. En province, les défilés sont en net reflux. Seulement 4000 à Nantes et Bordeaux, contre plus de 10 000 annoncés deux mois plus tôt. Même tendance à Marseille : 25 000 selon la CGT (2500 selon la police), soit de toute façon presque trois fois moins que lors de la première journée lançant la mobilisation. Le ministère de l’Intérieur a annoncé un total de 80 000 manifestants dans toute la France.
Du côté des arrêts de travail, aucun secteur d’activité n’a enregistré de mouvement de grève permettant d’envisager des suites au mouvement. Les salariés n’ont pas répondu présent. Cependant, des perturbations ont affecté l’audiovisuel public et les transports urbains de plusieurs villes de province. À la SNCF, la grève a tout de même perturbé une partie du trafic des TER. Pas de quoi inquiéter le gouvernement. La loi de ratification des ordonnances doit être examinée à partir de la semaine prochaine à l’Assemblée nationale, avant un vote solennel le 28 novembre. La CGT comme la CFDT ont déposé des recours devant le Conseil d’État.
Autre signe d’une mobilisation qui n’a pas pris, la déclaration de Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, aux échos le 13 novembre : « Nous allons organiser la résistance aux ordonnances dans les entreprises ». Une façon d’anticiper le manque de retour positif venant des différentes fédérations et unions départementales.
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