Dans la 8e circonscription de l’Hérault, Jean-Luc Mélenchon a réalisé un score de 23,89 % au premier tour de l’élection présidentielle. Fort de ce succès électoral, ce nouveau mouvement souhaite s’implanter durablement dans le paysage politique hexagonal. Les militants et élus arpentent donc le territoire, à la rencontre des électeurs. Récit d’une réunion publique en compagnie des Insoumis.
Pignan, mercredi 31 mai 2017, 18 h 30. Les Caves du Château, une salle municipale située en contrebas de la mairie, ont revêtu les couleurs de la France Insoumise. Les affiches pour les prochaines élections législatives y côtoient une pile de programmes du mouvement disposée sur une table avec toute une série de tracts et de professions de foi. Seule une dizaine de personnes a répondu à l’appel, loin des grands rassemblements populaires qui ont marqué la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
La tête de liste et son suppléant conversent avec l’assemblée. Malgré la faible présence, Marielle Fenech-Monfort prend toutefois la parole et corrèle son engagement à son parcours personnel et militant. Directrice d’école, elle évoque les problèmes de l’Éducation nationale puis revient sur le programme porté par la France Insoumise. Transition écologique, VIe République, défense des services publics, hausse du SMIC, droit de révoquer les élus en cours de mandat sont à l’ordre du jour. Jean-Marie Pourtier, son colistier, évoque de son côté la probable future politique du président de la République, son désir de casser le Code du travail et de réformer le marché de l’emploi. Malgré le petit nombre de personnes présentes, les questions sont nombreuses. Elles portent sur la réserve parlementaire, le 49-3, l’inversion de la hiérarchie des normes ou, plus localement, sur les transports.
Des échanges vite interrompus. Un homme interpelle les candidats en leur demandant pourquoi il existe une multiplicité des candidatures de gauche. Il critique un « éparpillement des voix » entre différents partis : « NPA, Lutte ouvrière, PCF et France insoumise ». À ses yeux, ces divisions sont incompréhensibles. Il est vrai que les professions de foi du PCF, distribuées dans les boîtes à lettres du village, ressemblent à celles des candidats de la France Insoumise. Chacune des deux chapelles revendiquant d’ailleurs le bon score obtenu par le candidat Mélenchon lors du premier tour de la présidentielle.
La stratégie du 1er tour mise au débat
Marielle Fenech-Monfort tente de lever les incompréhensions en expliquant que seuls les candidats soutenus par la France Insoumise sont en faveur d’un véritable changement. L’exemple grec, où le gouvernement d’Alexis Tsipras a capitulé devant les créanciers et l’Union européenne, sert de démonstration. En d’autres termes, des forces politiques comme le PS ou le PCF seraient simplement soucieuses de se faire élire, de faire perdurer un système que les insoumis souhaiteraient voir voler en éclat. Pourtant, jusque très récemment Jean-Luc Mélenchon se réclamait d’une proximité politique avec le Premier ministre de la Grèce. Faut-il croire qu’avec un programme et des idées similaires, il réussira là où Syriza a échoué ?
En tous les cas, le programme « l’Avenir en commun » n’évoque à aucun moment une volonté de rupture avec le capitalisme. Selon les candidats de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, porte-parole du mouvement, incarne un « formidable espoir de révolution pacifique par les urnes » et « un coup d’arrêt au délitement du sens du collectif ». Même si son programme est davantage inspiré par le néo-keynésianisme et une volonté de réguler le néo-libéralisme que par un véritable rejet du système. Pas réellement révolutionnaire donc, malgré une volonté de changement symbolisée par la sortie du nucléaire, l’instauration d’un protectionnisme solidaire ou la création d’un électrochoc institutionnel.
Ces éléments de rupture avec la politique de François Hollande, revendiqués haut et fort par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, justifient à ses yeux une forme d’intransigeance vis-à-vis des alliés potentiels. L’union des forces progressistes, c’est autour, et seulement autour, du programme « l’Avenir en commun ». Il n’est pas certain que cette tentation hégémonique à gauche convainc des électeurs agacés par la dispersion des candidatures et le risque d’élimination dès le premier tour.
Le lendemain, le candidat LR/UDI tenait lui aussi un meeting à Pignan. Accompagné par Valérie Pécresse, en qualité de vedette américaine, il a tenu sa réunion entouré d’affiches en faveur du candidat FN, placardées sur tous les panneaux municipaux avoisinants. Sur les 15 communes que compte la circonscription, 11 d’entre elles ont placé Marine Le Pen en tête lors du premier tour de la présidentielle.
La 8e circonscription de l’Hérault est constituée des communes suivantes : Montpellier X, Grabels, Juvignac, Fabrègues, Saussan, Pignan, Cournonterral, Cournonsec, Murviel-les-Montpellier, Saint-Georges-d’Orques, Frontignan, Balaruc-les-Bains, Balaruc-le-Vieux, Mireval et Vic-la-Gardiole.
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