C’est une fin de non-recevoir sans guère d’explications. Et ce, malgré « une dégradation manifeste de la situation » sanitaire, selon les mots du Premier ministre en fin de semaine dernière. Vendredi 11 septembre, Amélie de Montchalin a répondu négativement à la demande conjointe de huit organisations syndicales de fonctionnaires (UNSA, CFTC, CFE-CGC, FA, CGT, Solidaires, FO, FSU), de suspendre à nouveau le jour de carence. La ministre de la Transformation et de la Fonction publique s’est contentée dans sa lettre aux syndicats de leur rappeler que cette disposition, prise dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, a cessé avec la fin de celui-ci le 10 juillet. Et de conclure : « comme sur l’ensemble des mesures de lutte contre l’épidémie de Covid-19, des ajustements seront naturellement possibles, le cas échéant, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire ». En attendant, les fonctionnaires continueront de perdre une journée de traitement. Et les salariés : trois jours de salaires.
Pourtant les représentants des fonctionnaires mettaient en avant que le jour de carence « génère un report du recours aux soins, ce qui est délétère pour la santé de l’agent.e, coûteux pour la sécurité sociale, et peut favoriser la transmission des pathologies, en particulier en situation épidémique ». Un avis partagé par l’Association des DRH des grandes collectivités qui a réclamé, elle aussi, la suspension du jour de carence. Le 10 septembre, elle expliquait dans un communiqué que des agents peuvent « ne pas se signaler lorsqu’ils sont atteints avec des symptômes bénins ou s’ils sont asymptomatiques, ou lorsqu’ils sont cas contact. Ils continuent alors de venir au travail au risque de mettre en danger leurs collègues » pour ne pas voir baisser leur rémunération. Même le Conseil scientifique avait estimé nécessaire, le 9 septembre, de supprimer le « délai de carence ».
Un risque que semble prêt à prendre le gouvernement, pour de bien maigres économies au regard des enjeux et des dépenses qu’impliquerait une seconde vague. En 2017, Gérald Darmanin, alors ministre des Comptes publics, chiffrait à 170 millions d’euros la suppression d’un jour de carence.
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