« Nous appelons à une mobilisation collective pour la jeunesse française », écrivaient, le cœur sur la plume, trente-cinq dirigeants d’entreprises, dans une tribune publiée dans le JDD le premier dimanche de l’année 2021. Leur objectif affiché : l’embauche de 100 000 jeunes d’ici la fin du mois de janvier dans le cadre du dispositif « un jeune, une solution ». Une mesure qui ouvrent des aides aux entreprises pour l’emploi d’un jeune de moins de 26 ans en CDI ou en CDD d’au mois trois mois. Un coup de pouce pouvant s’élever à 4000 € sur une année pleine pour une embauche à temps complet.
Alors, trop sympa ces patrons ? Difficile à croire lorsqu’au même moment une partie des signataires de la tribune est engagée dans des plans sociaux. C’est le cas d’Accenture, une entreprise spécialisée dans le conseil et les technologies, qui s’est lancé l’été dernier dans la réduction de ses effectifs : moins 25 000 emplois dans le monde. C’est aussi le cas de la Société Générale qui a annoncé début novembre la suppression de 700 nouveaux postes, après les 750 déjà supprimés en 2019. C’est encore le cas de Schneider Electric en prise avec la fermeture de deux de ses sites à Saumur (Maine-et-Loire) et Lattes (Hérault).
Des cas isolés ? De rares vilains petits canards ? Pas vraiment ! Si les autres entreprises signataires de la tribune n’ont pas obligatoirement de PSE ou de plans de départs « volontaires » en cours, elles ne sont pas pour autant exemptes de critiques en matière de réduction de leur masse salariale. Chez Carrefour, c’est 3000 départs dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective lancée en 2019. Pour le groupe BPCE qui chapeaute la Caisse d’Épargne et la Banque Populaire : 11 000 suppressions d’emploi annoncées en 2017 en vue de son plan stratégique 2018-2020.
Les entreprises publiques signataires de la tribune n’ont pas un meilleur bilan. Pour EDF : 7000 « incitations au départ » entre 2017 et 2019. Pour la SNCF, 7000 pertes d’emploi, selon son dernier bilan social 2019. Sensiblement la même chose à La Poste : moins 8860 postes en 2019. Au regard de ces chiffres, la mobilisation patronale pour les jeunes semble quelque peu intéressée. Une aide de 4 000€ étant toujours bonne à prendre !
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.