« J’ai refusé de céder aux avances de mon patron d’apprentissage. J’ai été accusée de faute grave 15 jours plus tard avec souhait de licenciement. ». C’est l’un des nombreux témoignages venant illustrer la 14e enquête annuelle sur la perception des discriminations dans l’emploi, publiée ce mardi par la Défenseuse des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT). Elle est, cette année, consacrée à la jeunesse, une catégorie de la population particulièrement concernée par le phénomène.
En effet, ils sont 37 % des 18-35 ans à rapporter avoir déjà été confrontés à des discriminations dans le cadre professionnel ou la recherche d’emploi. Contre 23 % de la population active générale. Mais aussi 60 % à avoir déjà été confrontés à des propos stigmatisants ou des demandes discriminatoires lors d’un entretien pour un poste ou une promotion. Parmi ceux ayant fait l’objet de discriminations, ils sont 38 % à avoir également subit des formes de « dévalorisation au travail ». À savoir : placardisation, humiliations, attribution de tâches inutiles, etc… Enfin, 20 % de celles et ceux qui en sont victimes ont décidé de démissionner ou de rompre leur contrat, et 15 % ont été licenciés ou non-renouvelés.
Si le phénomène est large, l’étude met en avant plusieurs catégories surexposées. Par exemple, les personnes aux revenus mensuels de moins de 1300 € net : 43 % de victimes de discriminations contre 35 % pour les plus de 1800 €. Mais aussi, celles en contrats précaires : 58 % des intérimaires, 55 % des apprenties et alternants et 46 % des jeunes en CDD ont déjà été confrontés à des discriminations ou du harcèlement au travail, contre un tiers des jeunes en CDI ou fonctionnaires. Enfin, si seulement 58 % engagent des recours face à ces discriminations, plus de la moitié des femmes n’en ont entrepris aucun, contre seulement un tiers des hommes.
Le rapport insiste également sur le « “coût” concret pour les personnes concernées » par ces discriminations, qui « peuvent conduire à une mise à l’écart du marché du travail, un déclassement social et à des répercussions graves sur la santé et le bien-être » pour celles et ceux qui les subissent. D’autant qu’il souligne le caractère systémique de celles-ci, qui ne se limitent pas au monde du travail. Ainsi, pour les 18-34 ans, les discriminations se produisent « souvent ou très souvent » : lors de la recherche d’un emploi (56 %), de contrôles de police (54 %), de la recherche d’un logement (53 %), du déroulement de la carrière (48 %) et lors d’une demande de crédit ou d’assurance (42 %).
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