Belgique

En Belgique, plus de 70 000 travailleurs en grève pour leurs salaires


Les syndicats de travailleurs belges promettaient « une démonstration de force ». Pari réussi : la grève nationale pour les salaires, ce lundi 20 juin à Bruxelles, est à leurs yeux du « jamais-vu depuis dix ans ». Entre 70 000 et 80 000 personnes ont défilé dans les rues de la capitale, selon les estimations des syndicats et des forces de l’ordre. Une intersyndicale composée des trois plus grandes forces du pays a porté cet appel à la grève : la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique), la CSC (Confédération des syndicats chrétiens), et la CGSLB (Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique).

Soignants, enseignants, cheminots, ouvriers, étudiants… Des secteurs variés étaient au rendez-vous pour le départ du cortège, à 11 heures, devant la gare de Bruxelles-Nord. Contrairement aux pays voisins, tous les travailleurs belges bénéficient de l’indexation automatique des salaires. Mais à l’heure actuelle, ce mécanisme « ne suffit plus » estiment les syndicats. Comme en France, la Belgique connaît une flambée des prix de l’énergie et des produits alimentaires. D’après la Banque nationale de Belgique, l’inflation devrait dépasser les 8 % dans le pays en 2022. Dans ce contexte, les manifestants revendiquent un pouvoir d’achat accru.

Dans leur viseur : la loi de 1996, qui restreint l’évolution du coût salarial en Belgique. Celle-ci définit une marge maximale d’évolution des salaires (hors indexation) à 0,4 % sur deux ans, pour la période 2021-2022. Dans son communiqué, la FGTB considère que cette loi « empêche de négocier de vraies augmentations de salaires ». Les syndicats impliqués dans la grève nationale demandent à la modifier. Et ce, afin de mieux peser dans les négociations du prochain accord interprofessionnel 2023-2024.

« 900 000 familles ont demandé un étalement de leur paiement des factures d’énergie car beaucoup de citoyens choisissent entre se déplacer et se loger et la fin du mois arrive de plus en plus vite », a soutenu Marie-Hélène Ska, secrétaire général de la CSC, auprès du quotidien La DH. « Il est donc important de donner un signal fort ce lundi ». Du fait de l’indexation automatique prévue par la loi, « on donne toujours l’impression que la Belgique a un avantage par rapport aux autres pays. Mais en réalité, lorsqu’on prend en compte une période plus longue, il y a un rattrapage des pays voisins », explique Thierry Bodson au média belge 7 sur 7. « Et n’oublions pas non plus que les prix du carburant ne sont pas pris en compte dans l’index. »

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Extrait du communiqué du syndicat FGTB sur l’évolution des prix de l’énergie comparée à celle des salaires en 2022.

En plus de la manifestation dans les rues de la capitale, des débrayages ont eu lieu. Surtout dans le secteur des transports. La STIB, société des transports intercommunaux de Bruxelles, connaît d’importants blocages de son réseau de bus et de métro. Du côté de l’aéroport international Brussels Airport, tous les départs de ce lundi ont été annulés, rapporte Le Soir. Enfin, en Wallonie et en Flandre, des lignes de bus et de tram sont réduites, voire supprimées. En Flandre par exemple, seuls 60% des bus et 40% des trams circulent, relaie La Libre. En outre, cette grève pour les salaires a aussi impliqué les agents de la Région Bruxelles-Capitale, avec des perturbations sur le service de collecte de déchets.