Leur haka les avait rendus célèbres dans tout le pays, pendant la mobilisation contre la réforme des retraites. La répression qui les touche depuis passe elle un peu plus inaperçue. Durant la longue bataille des retraites, les postiers des Pyrénées-Orientales s’étaient fait remarquer. Si leur reprise de la danse rituelle maorie, popularisée par l’équipe des All Blacks, les avait mis sur le devant de scène, c’est d’abord par leur grève reconductible, une relative exception à La Poste lors de ce mouvement social, qu’elles et ils s’étaient distingués. Mais aussi par le blocage de la plateforme courrier du Polygone Nord, commencé le 21 mars.
C’est pour celui-ci que la direction de La Poste veut se payer des syndicalistes. Dès le 29 mars, un huissier remet des assignations à comparaître à 5 militant.es de la CGT FAPT et à un militant de SUD-PTT. Ceux-ci ont été entendus par le tribunal d’instance de Perpignan le 5 avril pour « entrave à la liberté de travail ». Et la justice a donné raison à La Poste en ordonnant la fin du piquet de grève, sous peine de lourdes sanctions financières journalières. Mais l’opérateur postal ne s’est pas arrêté là. Un militant CGT contractuel de droit privé a été convoqué à un entretien préalable à licenciement au mois de juin. Il écopera finalement d’un blâme, après une grève de trois jours en soutien. Puis mi-juin, c’est au tour d’une responsable CGT à La Poste d’être convoquée au commissariat. L’occasion de découvrir que l’entreprise a porté plainte au pénal contre les six militants déjà cités pour « entrave concertée à la liberté du travail, violences et voie de fait ».
L’attaque contre les syndicalistes devant les tribunaux se double d’une procédure disciplinaire lourde pour l’un d’entre eux : le secrétaire général de la CGT Poste 66, Alexandre Pignon, qui avait déjà animé une grève victorieuse à la distribution du courrier, longue de sept mois en 2016. Ce dernier est convoqué mardi 4 juillet à un entretien disciplinaire au siège national de La Poste, en vue d’une révocation, la plus lourde sanction possible pour un fonctionnaire. « C’est une remise en question de notre droit à nous organiser collectivement », analyse le syndicaliste qui ne désespère pas d’obtenir gain de cause, face à un dossier de la direction qu’il juge fragile et ne portant que sur l’exercice du droit de grève.
Pour autant, pour mettre toutes les chances de son côté, une mobilisation est en cours. Une pétition a déjà récolté 15 000 signatures, une grève avec déambulation devant les bureaux de poste a déjà eu lieu à Perpignan le 22 juin et des rassemblements sont prévus mardi 4 juillet à midi. À Paris devant le siège de La Poste, avant le conseil de discipline prévu à 13 h 30, mais aussi à Perpignan, Montpellier et Béziers. Le tout assorti d’un préavis de grève national pour multiplier les débrayages dans l’entreprise. La direction devra rendre publique sa décision au plus tard dans le mois suivant l’entretien.
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