Depuis près de deux ans, les travailleurs du social et médico-social se mobilisent pour l’élargissement de la prime Ségur (183 euros net par mois) à l’ensemble des corps de métiers. Arrachés en avril 2022 pour la fonction publique d’État, hospitalière et territoriale, puis plusieurs mois après pour le privé non lucratif, les décrets laissaient un grand nombre de salariés de côté. Notamment les agents administratifs, d’entretien, des cuisines ou de la logistique… Pourtant nécessaires au bon fonctionnement des structures.
Leur revendication n’a jamais été aussi proche de devenir une réalité. Ce mardi 18 juin marquait la date butoir donnée aux organisations syndicales pour signer, ou non, un accord d’extension du Ségur dans la branche sanitaire, sociale et médico-sociale du non lucratif.
Les quatre organisations syndicales CGT, CFDT, FO et Sud ont annoncé signer l’accord. Celui-ci leur avait été présenté le 4 juin par la confédération d’employeurs Axess, après d’âpres négociations. « C’est la lutte, la détermination et le rapport de force qui ont permis d’ouvrir la porte à la possibilité de régulariser la situation de milliers de salariés exclus sans raison alors qu’il y a encore quelques mois le sujet était impossible à discuter », s’est félicitée la CGT santé-action sociale.
Cet accord acte le versement de la prime Ségur à tous les salariés qui en ont été jusqu’ici privés, de façon rétroactive, à partir du 1er janvier 2024.
L’enthousiasme est cependant nuancé. Car cet accord Ségur est lié à un second accord, lui aussi présenté le 4 juin en commission. Ce dernier fixe le calendrier et les modalités de négociation d’une convention collective unique. Un sujet débattu de longue date entre les employeurs et les OS, qui craignent que la fusion des conventions ne signifie des droits au rabais pour les salariés. Benjamin Vitel, négociateur pour la CFDT, estime cependant ce second accord « plus souple que la version initiale en matière de calendrier notamment » auprès du Media Social.
Le problème, c’est qu’une clause miroir lie les deux accords. Autrement dit : pour qu’un accord s’applique, l’autre doit s’appliquer. FO avait dès le début dénoncé un « chantage inacceptable, contraire au principe de libre négociation » et a refusé de signer ce second accord. Les autres syndicats n’y étaient pas vraiment favorables non plus : la CGT avait critiqué cette clause liant les accords, « empêchant de s’opposer à l’un si on veut voir entrer l’autre en vigueur ».
Mais pour ne pas faire obstacle à l’extension du Ségur pour tous, l’ensemble des autres syndicats a signé ce second accord. Reste à ce que les deux textes soient agréés avant les résultats des législatives le 7 juillet, pour que la prime Ségur soit reversée à tous·tes indépendamment des changements à venir au sein du gouvernement.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.