Liberté de la parole et libre accès à un psychologue vs contrôle des comportements, para-médicalisation de la profession, et offensive des neurosciences. C’est la toile de fond de la mobilisation des psychologues qui se considèrent maltraités par les pouvoirs publics, voire niés dans leurs fondements professionnels, alors que la pandémie a mis en lumière les énormes besoins de la population. La précarité, l’absence de revalorisation des grilles salariales dans le cadre du Ségur de la santé, et une misère criante de postes dans le secteur public faisant le reste pour alimenter une contestation qui couve depuis des mois.
Dans au moins une vingtaine de départements, les psychologues se rassembleront jeudi devant les préfectures ou les Agences régionales de santé (ARS). À Paris, le rendez-vous de la manifestation est fixé devant le ministère de la Santé à 13 h 30 par la CGT, la Fédération française des psychologues et de psychologie, le Séminaire inter-universitaire d’enseignement et de recherche en psychopathologie et psychanalyse et le Syndicat national des psychologues. Et soutenu par des dizaines de syndicats sectoriels, d’associations, de collectifs professionnels, de patients ou de familles.
Ils entendent dénoncer une offensive contre leur profession. Outre une proposition de loi Les Républicains à l’Assemblée nationale mettant à l’agenda la création d’un Ordre des psychologues, un arrêté du 10 mars 2021, édicté sans concertation par le ministère de la Santé, remet en cause la « diversité des pratiques » et « la liberté d’exercice ». Et place la Haute autorité de Santé en faiseur de psys. De plus, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et des expérimentations dans plusieurs départements subordonnent l’accès à un psychologue, partiellement remboursé par la Sécurité sociale, à la prescription d’un médecin. Et seulement pour certains troubles avec un nombre limité de séances, jugé insuffisant pour effectuer un réel travail dans les situations le nécessitant.
Une limite « inacceptable » au libre accès à un psychologue pour ces praticiens qui se mobiliseront jeudi, et le glissement d’une profession issue des sciences humaines et sociales vers le champ limitatif du paramédical en matière de troubles ou de difficultés psychologiques.
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