Le week-end a été agité pour Rapports de force. Guillaume Bernard, dont vous avez pu lire ici les articles et qui a rejoint officiellement la rédaction en septembre, a été interpellé samedi 12 octobre. Alors qu’il couvrait l’acte 48 des gilets jaunes à Toulouse, des policiers l’ont accusé d’avoir lancé des projectiles et l’ont extrait de la manifestation vers 16h, serflex aux poignets. Encore un journaliste empêché de travailler. Encore une tentative d’intimidation sur celles et ceux qui documentent l’actualité des mouvements sociaux.
Une fois au commissariat, il a été placé en garde à vue, malgré qu’il ait décliné sa qualité de journaliste et récusé les allégations du policier le mettant en cause. Il n’est pas le seul à l’hôtel de police : 25 personnes ont été placées en garde à vue après que la manifestation ait été immédiatement réprimée, littéralement noyée sous les gaz lacrymogènes et chargée à maintes reprises. Vingt-quatre heures plus tard, le procureur a voulu reconduire la garde à vue jusqu’au lundi, Guillaume n’ayant pas avoué les faits qui lui étaient reprochés. Mais trois heures plus tard, le procureur change son fusil d’épaule, alors qu’une centaine de personnes se sont rassemblées devant le commissariat. Pourtant notre journaliste avait déjà signé sa prolongation de garde à vue. Cependant, Guillaume est tout de même sorti dimanche vers 19H. Si les charges pour jets de projectiles ont été abandonnées, il reste convoqué pour rébellion. Une accusation qu’il contestera fermement devant le tribunal correctionnel de Toulouse ce vendredi 18 octobre à 8h30.
Pendant que Guillaume et la rédaction seront occupés cette semaine à sa défense, certains projets journalistiques resteront en pause. Mais au delà de notre liberté de travailler, c’est le droit du public a être informé qui est remis en cause. Une fois de plus. Effectivement, nous ne comptons plus les journalistes visés délibérément par des membres des forces de l’ordre pendant les manifestations, les reporteurs d’images empêchés de se rendre sur les lieux d’actions, et même, à l’instar de Gaspard Glanz ou Alexis Kraland, ceux interpellés ou placés un temps en garde en vue, avec ou sans poursuites.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.