Un décompte partiel et non définitif de la police arrive au nombre de 607 000 manifestants dans tout le pays à 17 h, contre un million mardi dernier à la même heure. De même, le nombre de grévistes est un peu en baisse à la SNCF ou dans l’éducation. Mais la mobilisation du 7 février a quand même réuni énormément de monde, alors que l’intersyndicale a appelé à deux journées de mobilisation cette semaine.
À Bordeaux : 50 000 manifestants ce mardi selon les syndicats, contre 75 000 la semaine dernière (9500 au lieu de 16 500 selon la police). Même chose à Marseille, où la CGT et la police sont d’accord sur une seule chose : un nombre moins important de manifestants que mardi dernier. À savoir 180 000 selon le syndicat et 15 000 selon les autorités. Les villes moyennes, dont la mobilisation a été historique lors des deux premières journées de grève connaissent la même tendance, à l’instar d’Arras qui compte aujourd’hui 3500 manifestants selon la police contre 6000 mardi dernier.
Un haut niveau de mobilisation
Faudra-t-il additionner le nombre de manifestants de ce mardi avec celui de samedi prochain et le diviser par deux pour se faire une idée du niveau de mobilisation de la semaine ? C’est bien possible, dans la mesure où un certain nombre de salariés auront probablement choisi une seule des deux journées de mobilisation. Et à choisir : celle sans perte de salaire, samedi 11 février.
Pour autant, ce mardi 7 février ne peut pas être considéré comme un échec ou un affaiblissement du mouvement. En effet, avec plus de 607 000 manifestants (chiffre provisoire de la police), cette journée reste imposante. Pour s’en persuader, il suffit de la comparer avec d’autres moments de mobilisation. Par exemple, la plus grande manifestation contre la loi travail en 2016 n’avait pas dépassée 300 000 personnes selon les chiffres donnés par la police à l’époque. Et la troisième date interprofessionnelle, lors du mouvement contre la retraite à points en 2019, avait réuni 615 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, alors que la première le 5 décembre avait regroupé 806 000 grévistes.
Par conséquent, pour une troisième journée de grève, avec de nouvelles manifestations dans trois jours, le niveau de mobilisation se place à un haut, voire un très haut niveau.
Pas de poussée de la grève
Ce mardi, la grève se maintient à un haut niveau dans les raffineries. La CGT TotalEnergie déclare 87 % de grévistes à la raffinerie de Normandie, la plus importante de France. Mais aussi 90 % à celle de Donges (Loire-Atlantique), 75 % à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), ou encore 100 % au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord).
Par contre, les taux de grève s’érodent dans les transports (SNCF et RATP), dans les industries électriques et gazières, selon les chiffres données par la direction d’EDF et dans l’Éducation nationale, dont un tiers des académies est déjà en vacance d’hiver. Même tendance dans les éléments communiqués par le ministère de la Transition et de la Fonction publique. Pour autant, c’est une décrue classique au fur et à mesure des journées – sans salaire – qui s’additionnent.
Et celle-ci n’empêche pas plusieurs secteurs, dont celui des transports, de se projeter dans un conflit plus dur dans les jours ou les semaines qui viennent, comme notre article sur les grèves du jour en témoigne. En attendant, l’intersyndicale nationale se réunit ce soir à 18 h pour faire le point sur l’état de la mobilisation avant samedi 11 février.
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