« C’est la douche froide. Les gens sont dégoûtés. C’est la douche froide ». Depuis le piquet de grève devant l’usine Bergams de Grigny (Essonne), la voix de Fatima Bakhakh, déléguée syndicale SUD de l’entreprise, est lourde de silences. Ce mercredi 17 novembre, le tribunal de commerce d’Évry a rendu sa décision quant à l’avenir du site, dont la liquidation était demandée par l’employeur, Bergams-Norac. Verdict : liquidation sèche. Autrement dit : fin de l’activité, sans délai, pour les 280 salariés (dont une majorité de femmes).
Pour les grévistes en lutte depuis mi-septembre, c’est un « véritable coup de massue », résume un communiqué commun à la CGT, FO, SUD et Solidaires. « C’est une décision scandaleuse », s’indigne Catherine Fayet, secrétaire de Solidaires 91. Bergams était « le premier employeur privé sur ce territoire pauvre… C’est choquant. On parle de coûts économiques, mais les dégâts humains sont considérables… » Le communiqué intersyndical rappelle que le groupe Norac a bénéficié de 12 millions d’euros sous forme de prêt garanti par l’État. Et de plus d’1,5 million d’aides au chômage partiel.
Après deux mois de grève initiée contre un accord de performance collective, cette décision du tribunal de commerce constitue « une mesure de punition envers ceux qui ont légitimement revendiqué une juste rémunération et une dignité », considèrent les organisations syndicales.
De son côté, par voie de communiqué, le codirigeant de Bergams, Hugues de Tailly, ne mâche pas ses mots à l’encontre des grévistes : « le blocage illicite du site, mené par une minorité de salariés, a achevé Bergams ». Quant aux avocats de l’entreprise, ils assurent qu’« un travail sera engagé avec le groupe Norac, en liaison avec les liquidateurs, pour reclasser le plus de salariés possible, notamment au sein des différentes entités du groupe en France ».
Pour l’heure, aucune perspective de repreneur n’est en vue. Les organisations syndicales et salariés sont en discussion avec leur avocat pour étudier les voies de recours juridiques. « On reste sur le piquet de grève, en attendant les lettres de licenciement », conclut Fatima Bakhakh. La semaine dernière, alors que les grévistes veillaient jour et nuit sur le site, elle insistait : « ici, c’est notre maison. Certains y travaillent depuis 30 ans. On ne va pas tout laisser ! »
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