« C’est plutôt le moment de faire des bonnes affaires en Bourse aujourd’hui », expliquait non sans cynisme Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, le 10 mars 2020. C’était en pleine période d’agitation sur les marchés financiers et une semaine avant le premier confinement. Deux millions et demi de morts du coronavirus plus tard dans le monde, le rapport du gestionnaire d’actifs lui donne en partie raison.
Dans le monde, les entreprises ont versé 1255 milliards de dollars de dividendes à leurs actionnaires en 2020. En recul par rapport à 2019, mais de seulement 12,2 %. Moins que lors de la crise financière de 2008. D’autant que cette baisse est pour bonne partie due à la zone euro et à la demande de la BCE faites au secteur bancaire de s’abstenir de verser des dividendes avant le 30 septembre 2021. Cette modération étant responsable à elle seule d’un tiers de la baisse à l’échelle de la planète selon Janus Henderson.
En réalité, la tendance reste à verser grassement des dividendes. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder les chiffres de la décennie écoulée.Les actionnaires recevaient 778 milliards de dollars en 2010, 1013 milliards en 2012, puis 1181 en 2015 et 1252 en 2018. Finalement, le cru 2020 (1255 milliards) n’efface que la progression de l’année précédente (+8,5 %). En 2020, deux entreprises sur trois dans le monde ont maintenu ou augmenté leurs dividendes. Et ce, malgré une recension mondiale et un recul planétaire du PIB estimé autour de 4 % (-6,8 % en Europe, -8,3 % en France). À côté de vrais trous d’air dans certains secteurs (tourisme, aérien, etc.), d’autres tirent leur épingle du jeu, telles la distribution alimentaire ou l’industrie pharmaceutique. Cependant, Janus Henderson anticipe une progression des versements de dividende de 2 à 5 % pour l’année à venir.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.