En région Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur), le budget destiné aux formations des chômeurs est à sec, mais Pôle emploi ne veut surtout pas que ça se sache ! Dans une instruction écrite, que Rapports de force a pu consulter, la direction régionale de l’opérateur prévient ses agents : « Au 1er décembre, nous avons consommé la totalité du budget socle ». Elle leur demande de « négocier des différés [d’entrées en formation] pour éviter une communication sur l’épuisement de l’enveloppe financière ».
« Il n’y a plus de pognon et ça fait tache ! C’est contradictoire avec l’injonction du gouvernement de faire entrer un maximum de chômeurs en formation », résume sèchement Stéphanie, une cheffe d’agence. D’après elle, seules les personnes ayant un niveau inférieur au baccalauréat peuvent continuer à entrer en formation, en cette fin d’année, dans sa région. La raison ? « Ce n’est pas la même enveloppe. Les demandeurs d’emploi sans diplôme peuvent entrer dans un dispositif financé par les Régions et l’État. Pour tous les autres, il y a ce fameux budget socle de Pôle emploi. » Un budget qui est donc totalement épuisé.
Pourtant, à en croire Stéphanie, les agents de Pôle emploi ont l’habitude de « tricher » sur les niveaux de diplôme des chômeurs pour les faire basculer d’une enveloppe à une autre. « Il suffit de jouer sur la codification. Vous écrivez que le demandeur d’emploi n’a pas le bac, ça évite d’utiliser le budget socle. » Une « petite gymnastique » que la direction régionale de Pôle emploi a demandé à ses agents d’interrompre : « Nous ne pouvons plus déroger, merci d’agir en conséquence ». Sous-entendu : mettez à jour les profils avec les niveaux corrects de diplôme.
« Nous avons dû appeler des chômeurs pour annuler, en dernière minute, leur formation. Ceux qui ont le bac ou un BTS ont été sacrifiés sur l’autel de la comptabilité », conclut Stéphanie.
Photo : capture d’écran d’une vidéo de Pôle emploi
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