H&M du Bourget : victoire des grévistes, quatre jours après la tentative de suicide de l’un d’eux

Les salariés de la plateforme logistique H&M du Bourget (Seine-Saint-Denis) ont suspendu leur grève. Leur mouvement avait été initiée le 7 octobre, contre la fermeture annoncée du site. Alors qu’il s’agit du seul entrepôt logistique sur le territoire, stockant et préparant les envois de vêtements vers toutes les boutiques de France, la direction prévoit de le délocaliser à l’étranger. Conséquences : plus de 150 suppressions d’emploi. Les salariés se sont mis en grève début octobre, soutenus par une intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFTC, CECGC), « en vue d’obtenir le retrait du projet de cessation définitive d’activité et de licenciement collectif ».

Samedi 30 octobre, les grévistes sont parvenus à un accord avec leur direction. Une première victoire. D’après les syndicats, l’accord inclut « une obligation de l’employeur en termes de maintien de l’emploi » mais aussi « le paiement des jours de grève » (80% du salaire payé, 20% sous forme de jours de récupération). La direction s’est également engagée à ne pas intenter de poursuites judiciaires contre des grévistes. De leur côté, ces derniers ne déposeront pas de nouveau préavis de grève d’ici « l’issue du processus d’information ».

Cet accord a été signé quatre jours après une tentative de suicide d’un délégué syndical. Le 26 octobre, au sortir d’une réunion sur le PSE décrite comme « très difficile » par l’intersyndicale, le gréviste, employé du groupe depuis une quinzaine d’années, s’est aspergé d’essence pour tenter de s’immoler. Ses camarades présents sur place ont réussi à l’en empêcher, et à contacter les urgences. Un acte désespéré « qu’il est difficile de ne pas mettre en relation avec le contexte de l’entreprise », ont souligné les syndicats dans un communiqué. Entre la lutte collective pour sauver les emplois « qui n’a fait que se renforcer, et les réunions qui s’enchaînent sans véritable prise en compte des revendications des salariés, tout cela bien évidemment pèse », écrivent-ils.

S’ils ont désormais repris le travail, les salariés du H&M du Bourget continuent de négocier avec la direction. Ils rappellent leur incompréhension face au plan de délocalisation, à l’heure où le géant suédois de la mode annonce une hausse de 9% de ses ventes. Dans le contexte des confinements, la vente en ligne a rapporté gros. H&M a d’ailleurs annoncé, en avril 2021, vouloir fermer 350 de ses 5000 magasins dans le monde, pour concentrer davantage son activité sur le e-commerce. Parmi les boutiques visées : le H&M situé sur les Champs-Elysées à Paris, où travaille une centaine de salariés.

 

Photo : Capture d’écran Google Maps / entrée de l’entrepôt logistique du H&M Le Bourget.