Les travailleurs sans-papiers réunis autour de la lutte des Chronopost d’Alfortville manifesteront jusqu’à rejoindre la préfecture du Val-de-Marne, à Créteil, ce mercredi 6 novembre à 16h. Ce rassemblement vise à dénoncer l’évacuation par la police de leur piquet de grève, il y a moins d’une semaine, jeudi 31 octobre. L’opération préfectorale a mis un terme à une occupation qui durait depuis près de trois ans.
Le piquet de grève avait commencé en décembre 2021 pour exiger la régularisation et des conditions de travail dignes pour 18 travailleurs de Chronopost, filiale de la Poste. Très vite, près de 200 personnes avaient maintenu l’occupation, devenue un lieu incontournable de lutte pour la régularisation des personnes sans-papiers en région parisienne. Ils étaient encore près de 80 sur place jusqu’à la semaine dernière.
« Depuis le début de la lutte, la préfecture du Val-de-Marne n’a accepté de recevoir que 32 dossiers, et n’a accordé que 15 régularisations, dont 4 pour les grévistes Chronopost. Nous sommes loin du compte ! », insiste Solidaires dans un communiqué paru suite au démantèlement. Le syndicat pointe la responsabilité de l’État, seul à même de procéder aux régularisations, et qui détient par ailleurs l’entreprise privée à capitaux publics La Poste via la Caisse des dépôts.
Le groupe La Poste avait reçu une condamnation inédite, en décembre 2023, pour le recours à ces personnes sans-papiers via la sous-traitance, dans ses filiales Chronopost et DPD. Il s’agissait alors de la première entreprise condamnée pour manquement à son devoir de vigilance, par le tribunal de grande instance de Paris, suite à une assignation du syndicat Sud PTT.
La manifestation vise aussi à mettre en lumière les conditions plus que douteuses dans lesquelles se sont déroulées cette évacuation de jeudi dernier. D’abord, la loi exige la publication préalable d’un arrêté d’expulsion. Or, celui qui était affiché sur un poteau au matin de l’expulsion a été placé en dernière minute, selon plusieurs témoignages recueillis par Mediapart. « Je suis parti au travail à 7 h 30, il n’y était pas, explique l’un des travailleurs. Des collègues ont vu des gars le scotcher ce matin. »
Du fait de n’avoir pas été prévenus, plusieurs travailleurs ont perdu des affaires dans l’évacuation. « La maltraitance va jusqu’à jeter à la benne les effets personnels (habits et autres objets), mais aussi les documents de nombreux travailleurs présents sur le piquet (documents d’identité, sommes d’argent, dossiers divers…) », dénonce Solidaires dans son communiqué.
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