Manifestante espagnole enfermée en centre de rétention : le préfet de Paris en flagrant délit d’abus de pouvoir

 

Que lui est-il reprochée ? Apparemment pas grand-chose puisque le parquet n’a requis aucune poursuite à l’issue des 36 h de garde à vue effectuées par Camélia, une jeune Espagnole de 34 ans. Arrêtée lors d’un contrôle d’identité alors qu’elle se rendait au pique-nique climatique du 1er mai selon les dires de son avocate, les policiers l’ont placé en garde à vue pour être en possession d’une arme par destination : un bouclier artisanal pour protéger son ventre. La jeune femme est enceinte.

Mais malgré l’absence totale de charges requise contre elle, la préfecture de police de Paris insiste et la transfère au centre de rétention de Mesnil-Amelot en région parisienne. Une décision surprenante et rarissime pour une personne originaire d’un pays membre de l’Union européenne. Le préfet prononce à son encontre une obligation de quitter le territoire français (OQTF), assortie d’une interdiction de deux ans de revenir en France. Pour cela, il invoque deux motifs : une charge déraisonnable pour l’état français et une menace à l’ordre public que représenterait Camélia.

Des qualifications étonnantes pour une jeune femme qui est présente en France depuis 17 ans, est employée en CDI, vie avec un homme de nationalité française dont elle attend un enfant, et a écris le mot pacifique sur son bouclier de manifestante. En tout cas, le juge des libertés et de la détention a considéré ce dimanche 5 mai que son placement en rétention était illégal. Pour l’obligation de quitter le territoire, le tribunal administratif statuera dans les prochains jours.