Une feuille de route pour rien ? En attendant sa version définitive en septembre, le plan annoncé lundi 8 juillet par Agnès Buzyn pour résorber la pénurie de médicaments reste concentré sur leur acheminement, à travers une meilleure circulation de l’information entre laboratoires, grossistes répartiteurs et pharmaciens. « Une fois de plus, on élude les vrais problèmes », affirme la fédération CGT de la Chimie (FNIC) dans un communiqué. Pour elle, la rationalisation-réorganisation de la production et la concentration en Asie de la fabrication sont les deux facteurs essentiels et oubliés par la ministre de la Santé. Cela pour le plus grand bénéfice des géants de l’industrie pharmaceutique.
Depuis les années 80, le nombre d’entreprises de production est passé de 470 à 247 en France dénonce la CGT. Une tendance générale qui a pour conséquence que « certains médicaments ne sont plus fabriqués que par un site ou deux dans le monde ». Évidemment toute défaillance sur un site de production pouvant entraîner une pénurie. Par ailleurs, 80 % de la production des principes actifs est réalisé maintenant en Asie où les coûts de main-d’œuvre sont moins élevés. Des délocalisations juteuses pour les fabricants.
« La marge moyenne des laboratoires est de 40 % pour un chiffre d’affaires mondial d’environ 1100 milliards d’euros », avance la fédération de la Chimie CGT. Pour obtenir de si bons résultats, le groupe Sanofi par exemple empoche « chaque année près de 150 millions d’euros d’aides » à travers le crédit d’impôt recherche et le CICE, tout en supprimant des centaines d’emplois dénonce la FNIC. Pour répondre aux problèmes de pénurie et aux besoins des malades, la fédération CGT de la Chimie propose la nationalisation, et la mise sous contrôle des salariés, de l’industrie pharmaceutique.
Au même moment, les syndicats CGT, CFE-CGC et FO, du site lyonnais de production pharmaceutique Famar, placé en redressement judiciaire, proposent leurs services pour réduire la pénurie de certains médicaments.
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