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Retraites : les syndicats incarnent l’opposition à la réforme, loin devant les politiques [L’AG]

 

Retraites : l’opposition dans la rue jugée plus crédible qu’au Parlement

Selon un sondage IFOP publié dimanche dans Le Journal du dimanche, 43 % des Français interrogés considèrent que les syndicats « incarnent le mieux l’opposition à la réforme des retraites ». Loin devant les partis politiques opposés à la réforme et représentés au Palais Bourbon. Ils sont 25 % des sondés à penser que c’est le RN qui l’incarne le plus, 23 % que c’est la Nupes. Et seulement 9 % que ce sont Les Républicains.

Au-delà des manœuvres, postures et effets de manche des deux dernières semaines, desquelles le Rassemblement national tire son épingle du jeu grâce à des artifices de communication, l’essentiel a peut-être été saisi par la population. Avec une majorité relative, mais suffisante grâce à l’appui de la droite parlementaire, le Parlement n’est pas en mesure de faire échec à la réforme. D’autant que le gouvernement a choisi une procédure lui permettant de contourner ses opposants en cas de blocage parlementaire. Ainsi, si retrait il devait y avoir, c’est la rue et les grèves qui seraient en mesure de les arracher. D’où en partie cette primeur donnée aux syndicats unis depuis plus d’un mois contre la réforme.

 

Martinez n’épargne pas Melenchon

« On a plus évoqué ces incidents que le fond du problème et ce qui est en débat dans la rue », a critiqué le leader de la CGT à propos de l’attitude d’une partie des députés de l’opposition à l’Assemblée nationale. En ligne de mire : le refus de Jean-Luc Melenchon que la France insoumise retire la plus grande partie de ses amendements pour arriver à l’article 7 sur l’allongement de l’âge de départ à la retraite, comme l’intersyndicale en avait fait la demande aux députés.

Mais en question pour Philippe Martinez : la volonté de « s’approprier ce mouvement social et de faire passer les organisations syndicales au second plan ». Un contentieux sur le fond entre Melenchon et Martinez qui ne date pas d’hier sur ce sujet. Le leader de la France Insoumise ayant régulièrement marché sur les plates-bandes des syndicats, qu’il jugeait, encore l’été dernier, sans capacités. Et ce, afin de lancer ses propres initiatives politiques.

 

Les prochaines étapes du projet de loi de réforme des retraites

A l’Assemblée nationale, les débats se sont clos sans vote vendredi à minuit. Prochaine étape : le Sénat. D’abord en commission des lois le mardi 28 février. Puis en séance du 2 au 12 mars. Qu’il y ait vote du Sénat à majorité de droite, ou pas à l’issue du 12 mars, le texte atterrira ensuite devant la commission mixe paritaire composée de 7 membres de chacune des deux chambres. Il restera alors moins de deux semaines jusqu’à la date de la fin des travaux parlementaires, le 26 mars, pour y trouver un accord à faire valider par l’Assemblée nationale et le Sénat. En cas d’échec, le gouvernement pourra toujours utiliser des ordonnances.

 

Force ouvrière laisse ouverte l’option de poursuivre la grève après le 7 mars

A l’issue de la réunion de l’ensemble de ses fédérations, en fin de semaine dernière, Force Ouvrière a esquissé la possibilité de poursuivre « le blocage de l’économie » au-delà de la date déjà décidée par l’intersyndicale nationale contre la réforme des retraites. Sans pour autant appeler partout à la grève reconductible à ce stade.

En titrant son communiqué « Dés le 7 mars, la France à l’arrêt », la troisième force syndicale confie à ses syndicats et à leurs sections l’organisation d’assemblées générales pour décider des suites du mouvement. Mais laisse entendre en creux qu’elle ne serait pas hostile à une poursuite de la grève, comme cela nous a été confirmé par téléphone au siège de la confédération. En tout cas Force Ouvrière assure qu’elle « mettra tout en œuvre » pour que le projet de réforme soit retiré. A ce jour, FO appelle à la grève reconductible à la RATP et son syndicat non représentatif à la SNCF appelle à « la grève totale jusqu’au retrait » à partir du 7 mars.

 

« On bloque les transports »

« A partir du 7 mars, on bloque les transports ». C’est le titre d’un appel commun de six syndicats et fédérations membres de l’Union syndicale Solidaires (rail, aérien, RATP, transports urbains, routiers) à décliner le mot d’ordre de l’intersyndicale nationale « la France à l’arrêt » le 7 mars. Et à poursuivre en grève reconductible comme le proposait Solidaires il y a déjà deux semaines. Une façon de rendre concret le concept de France à l’arrêt dans ce secteur d’activité et la volonté d’afficher un « tous ensemble » pour donner confiance aux salariés afin de durcir le mouvement contre la réforme des retraites.