L’accident qui a mis le feu aux poudres aurait pu être plus grave. Mercredi, un train et un convoi exceptionnel se sont percutés en Champagne-Ardenne faisant plusieurs blessés parmi les 70 passagers, dont le conducteur du train, seul agent SNCF à bord. Tiraillé entre porter assistance aux blessés ou sécuriser la zone, il a choisi la seconde option, réussissant à stopper une autre rame venant dans sa direction. Il a ainsi probablement évité une catastrophe, le système d’alerte radio pour prévenir l’ensemble des trains circulant aux alentours n’ayant pas fonctionné suite au choc frontal. L’accident a suscité une grande colère chez les cheminots ardennais. Insatisfaits des réponses de leur direction, les agents de la région ont fait valoir leur droit de retrait pour réclamer de ne plus être seul dans un train. Soutenu par la CGT, le mouvement s’est étendu à d’autres régions dès le lendemain. Dans la soirée d’hier, la plupart des régions étaient concernées et le syndicat Sud-rail apportait à son tour son soutien au mouvement de retrait des personnels.
Depuis ce matin, le trafic SNCF est fortement perturbé. Selon Sud-rail, 60 % des trains étaient supprimés sur le territoire. Les personnels roulants, et les syndicats qui les soutiennent, demandent la fin de « Équipement agent seul (EAS) », un dispositif de la SNCF qui permet de faire rouler des trains sans la présence de contrôleurs à bord, en plus du conducteur. Ils réclament également des recrutements de contrôleurs pour compenser les suppressions de postes précédentes. Celles qui ont permis à l’entreprise de déployer son dispositif EAS. Pour l’heure, la direction de l’entreprise et le gouvernement communique sur une supposée illégalité d’une grève qui n’en est pas, puisqu’il s’agit d’un simple droit de retrait. En réalité, les conducteurs et contrôleurs restent en gare à disposition de leur employeur.
Malgré la communication externe de l’entreprise et les menaces internes de mise en demeure des agents, la direction de la SNCF organise une rencontre nationale avec les syndicats à 17 h 30 et des négociations régionales en parallèle. Objectif : Éteindre l’incendie qui s’est propagé si rapidement et avec force. Mais si la direction ne lâche aucune garantie aux cheminots, les trains risquent de rester en gare, alors que les vacances de la Toussaint débutent ce soir.
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