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Syndicalisme : les libertaires se mettent « Au Taf »


 

Une centaine de militantes et militants réunis entre les présidentielles et les législatives qui parlent d’autre chose que de circonscriptions, de parachutages, de la NUPES ou de candidatures dissidentes. Une rareté politique en ce mois de mai. Cet événement, c’est « Au Taf » : une rencontre nationale des syndicalistes autogestionnaires et libertaires. Une initiative prise par l’Union communiste libertaire (UCL), mais se voulant ouverte au-delà de ses rangs.

Ainsi, les 14 et 15 mai à Montreuil, des syndicalistes venus des quatre coins du pays ont préféré s’atteler à une autre besogne que celle des élections. « Ce n’est pas dans les urnes que l’on changera la société, c’est par l’action collective et les mobilisations de masse. Ces mobilisations ne viendront pas de nulle part, mais elles viendront parce que notre classe est organisée », assure Adèle. Pour cette militante CGT travaillant à la ville de Paris, comme pour les participants aux débats, l’urgence pour mener les batailles sociales du second quinquennat d’Emmanuel Macron est d’œuvrer à renforcer l’action et l’impact du syndicalisme dès maintenant. Et ce, sans minimiser ses difficultés ou ses insuffisances.

Celles-ci ont fait l’objet de nombreux échanges le samedi. Du « problème d’efficacité des grands mouvements », lors des journées interprofessionnelles, pointé par Jean-Marie Pernot, chercheur à l’IRES et invité de la première table ronde, en passant par celui de la sous-syndicalisation des « 14 millions de travailleuses, une force sans laquelle le syndicalisme de classe et de masse ne peut vaincre » selon Louise, syndicaliste CGT en Seine-Saint-Denis. Sans compter le manque d’adaptation des structures syndicales aux formes d’organisations du travail et de structurations des entreprises faites notamment de sous-traitance, de précarité et de multiplication des statuts. Avec son corollaire : des déserts syndicaux qui laissent sur le bord du chemin des pans entiers du salariat.Sans oublier, la prise en compte tardive et encore limitée des revendications féministes et écologiques, malgré quelques avancées ces dernières années.

Mais au-delà des constats évoqués en plénière ou lors d’ateliers thématiques par secteurs d’activités, ces journées d’échanges d’expériences ont permis à ces syndicalistes autogestionnaires de lancer quelques axes de travail. Leur objectif : renforcer les syndicats qu’ils considèrent comme des contre-pouvoirs, dont l’objet est à la fois d’être des outils pour résister immédiatement et pour construire une autre société demain. Axe privilégié de ces syndicalistes pour y parvenir : développer le travail interprofessionnel à l’échelle des structures territoriales locales. Mais aussi, privilégier un syndicalisme de branche ou d’industrie plus en phase avec les structures économiques réelles. Et enfin, engager des moyens pour parvenir à la syndicalisation des secteurs professionnels féminisés principalement présente dans les métiers du soin et du lien. Un vaste programme qui nécessitera de faire le taf.