1er mai

1er mai à Paris : plus de coups, plus de monde, des syndicalistes racontent

 

Le porte-parole de Solidaires Eric Beynel et la secrétaire générale de la fédération CGT de l’éducation Marie Buisson apportent leur témoignage sur la façon dont s’est déroulé le défilé du 1er mai à Paris. La manifestation a été marquée par une pression policière inédite pour ce type de journée : contrôles préventifs de masse, utilisation de gaz lacrymogènes et charges policières sur l’ensemble des manifestants.

 

Quelles que soient les sources retenues pour connaître le nombre de manifestants ce 1er mai, une chose est sûre : le chiffre est en hausse par rapport à l’an dernier. Selon le ministère de l’Intérieur, seulement 16 000 personnes étaient présentes dans le cortège parisien à 14 h. Évidemment, ce chiffre est sous-estimé puisque la manifestation devait s’élancer à 14 h 30. Le cabinet Occurrence qui compte les manifestants pour plusieurs médias totalise 40 000 personnes et la CGT table sur 80 000. L’an dernier à Paris, le 1er mai avait rassemblé 34 500 personnes selon la préfecture et 55 000 selon les syndicats. Dans le reste de la France, les sources gouvernementales annoncent 164 500 manifestants contre 143 500 en 2018. La CGT avance le chiffre de 310 000 contre 210 000 il y a un an. Cette année-là, la journée internationale de lutte des travailleurs tombait dans une séquence de lutte : celle des cheminots contre la loi ferroviaire et celle des étudiants contre Parcoursup. En 2019, c’est le mouvement des gilets jaunes qui gonfle les effectifs.
 

 
À Paris, la « tolérance zéro » appliquée aux mouvements sociaux a failli empêcher totalement la manifestation syndicale de se tenir. En effet le moindre parcours non banalisé ou cortège imprévu, le moindre visage masqué ou jet de projectile suscite depuis plusieurs semaines des charges de police systématiques, des nasses et profusion de grenades lacrymogènes. Cela indistinctement sur tout manifestant transformé pour l’occasion en ennemi intérieur. Le propre d’un mouvement social étant de déborder, le 1er mai parisien et les cortèges syndicaux ont subi l’assaut des forces de l’ordre au même titre que les manifestations non déclarées des samedis. Force ouvrière et la FSU ont dû évacuer leurs camionnettes et une partie de leurs militants. Les autres ont défilé avec la CGT et Solidaires. Avant même le début des manifestations, le ton était donné. Pas loin de 17 700 contrôles préventifs ont été effectués de la descente des trains aux abords des cortèges.
 

 
Dans une moindre mesure, cette pression s’est retrouvée à Toulouse où les manifestants n’ont pas pu poursuivre la manifestation très au-delà du parcours initialement déposé par les syndicats. Même chose à Lyon, où le traditionnel défilé des anarchistes, vieux de quinze ans, de la fin de la manifestation syndicale aux pentes de la Croix-Rousse a été bloqué plusieurs heures. Dans ces deux villes au moins, les gaz lacrymogènes ont accompagné la fin des défilés, alors qu’aucune dégradations ou provocations n’ont été constatées par nos journalistes présents sur place pendant la première partie de la manifestation.