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Nantes : victoire des postiers grévistes contre la répression


 

Après quatre jours de piquet de grève, sept postiers, syndicalistes CGT et Sud, ont été assignés pour entrave à la circulation des biens et des personnes. À l’audience, la direction de la poste a abandonné les poursuites. La répression a perdu.

 

L’audience n’a pas duré deux minutes. D’une petite voix, l’avocat de la direction de La Poste lâche que son client se désiste de son assignation en référé. Il rappelle brièvement que le blocage a duré quatre jours, à la Plateforme industrielle du courrier d’Orvault (PIC), puis à la plateforme de Carquefou, au nord et à l’est de l’agglomération nantaise. Mais ces centres de tri ayant été débloqués à partir du 21 mars, « l’assignation était donc sans objet ».

En sortant de la salle d’audience, les militant·es, qui avaient dû enlever leur chasuble siglée et ranger leur drapeaux pour pénétrer dans le palais de justice, sont perplexes : « Euh ça veut dire quoi ? »… « Ah, c’est comme retirer sa plainte ? Ben on a gagné, alors ! »

Sur le parvis du tribunal, l’annonce de l’abandon des poursuites déclenche une jolie ovation. « Toutes les victoires sont bonnes à prendre ». Même si un de ces postiers pondère : si la vengeance patronale a fait pschhit, la menace a laissé un peu d’amertume : « Ça nous a détourné de la mobilisation contre la réforme des retraites pendant quelques jours ». Et la manœuvre a bel et bien brisé l’élan de la grève, le blocage étant levé collectivement et par solidarité par le piquet de grève pour ne pas faire porter plus de risques aux camarades envoyés au tribunal, et sous la menace de nouvelles assignations et de pénalités financières.

 

Une offensive contre le droit de grève

 

Cette assignation pour « entrave à la circulation des biens [les lettres] et des personnes [les non grévistes] » n’a ciblé que des responsables syndicaux, alors que 60 personnes étaient présentes à chaque fois. Et qu’en fait, seuls les camions de transport du courrier étaient bloqués, le personnel non gréviste pouvant entrer et sortir sans encombres. Mais la direction a considéré que les machines de tri étaient à l’arrêt et les tournées paralysées, les non grévistes n’avaient plus de travail à effectuer, rendant les grévistes responsables de ce qui a été présenté comme « une atteinte à la liberté du travail », le terme déguisant mal une offensive contre le droit de grève.

C’est un mode de sanction inédit dans la région, ces assignations ayant été délivrées par surprise alors qu’un huissier était sur place tous les jours pour prendre en photo les feux des piquets de grève. Reste que le rapport de force a permis de bloquer ce coup de pression.

En quittant le tribunal, les quelques deux cents militants ont rejoint le rendez-vous de la manif. Mais ce n’était pas un retour à la normale puisque la manifestation nantaise a battu les records des semaines précédentes, avec 80 000 personnes dans la rue. Et plutôt en pétard.

 

Crédit photo : Sudptt44