Ecopla

Abandonnée et trompée, la Scop Ecopla jette l’éponge

 

Les porteurs du projet de Scop pour l’usine Ecopla, près de Grenoble, ont annoncé dimanche 19 mars, la fin de leur combat pour une coopérative. Les négociations engagées, deux mois plus tôt, avec le ministère de l’Economie et l’entreprise Cuki Cofresco accouchent d’un plan aux antipodes de leurs aspirations.

 

La douche froide. Douze mois de lutte pour les ex-Ecopla, depuis la mise en liquidation judiciaire de leur entreprise. Vendredi 17 mars, le clap de fin. Le ministère de l’Economie et des Finances annonce la création, en Isère, d’une filiale de l’entreprise italienne Cuki Cofresco. L’entreprise choisie en juin 2016 par le tribunal de commerce pour se porter acquéreur, pour 1,5 million d’euros, des machines de la dernière usine de fabrication de barquettes aluminium en France. La nouvelle filiale devrait embaucher 12 salariés dans les prochaines semaines, selon Bercy.

Cette décision enterre les rêves de reprise en Scop de leur entreprise par une partie des anciens salariés. « Le projet, dans son état actuel, est trop éloigné de notre autonomie, de notre identité, de nos valeurs », affirme, dans un communiqué, Christophe Chevalier et Karine Salaün, les deux principaux artisans de la Scop Ecopla. Aujourd’hui, les deux syndicalistes CGT sont amers.

Le 10 janvier, des négociations s’ouvrent avec Bercy et Cuki Cofresco. La promesse leur est faite de trouver les bases d’un partenariat permettant à la coopérative de voir le jour. Ils acceptent les règles du jeu en se tenant au secret des négociations. Devant le site de production de Saint-Vincent-de-Mercuze, le blocage des camions de Cuki Cofresco, suspectés de déménager les machines, n’est plus à l’ordre du jour. C’est un engagement obligatoire dans le cadre des discussions. Ils annulent leur grande manifestation du 14 janvier 2017, préparée depuis un mois, au lendemain d’une soirée de soutien à la bourse du travail ayant réuni 500 personnes.

Dans leur communiqué, Christophe et Karine sortent du silence, livrent leur déception et règlent leurs comptes. D’abord avec la Justice qui a refusé de confier aux salariés la reprise en Scop de l’activité. Avec pour résultat de « vendre un savoir-faire de plus de 60 ans pour une somme dérisoire, pénaliser un projet industriel qui garantissait le maintien de l’emploi et d’une activité pérenne ».

 

« Nous avons été bernés, dupés »

 

Les responsables politiques ne sont pas oubliés. Emmanuel Macron en premier, accusé « d’avoir ignoré leur situation ». Interpellé en juillet 2016, par une lettre ouverte des ex-salariés, il n’a pas daigné répondre. Pourtant, à ce moment-là, le ministère pouvait encore intervenir dans la procédure judiciaire. Quelques semaines plus tard, le ministre sortait du gouvernement pour préparer la campagne présidentielle.

Michel Sapin, son successeur au ministère, ne trouve pas davantage grâce à leurs yeux. « Nous avons été bernés, dupés », dénoncent Christophe Chevalier et Karine Salaün pour qualifier les négociations menées sous l’égide du ministre. « La vérité aujourd’hui, c’est qu’il n’y a plus aucun outil, aucun moule dans l’entreprise Ecopla. ». Pour Karine Salaün, « l’État était prêt à accepter n’importe quelle option lui permettant de clore le dossier en conservant quelques emplois ».

Selon nos informations, l’Union régionale des Scop Auvergne-Rhône-Alpes officialisera son retrait du projet dans les jours à venir. Elle refuserait de cautionner un montage dans lequel Cuki Cofresco capte à son profit un savoir-faire, des salariés formés et d’éventuels financements publics. Le tout, sans qu’aucun engagement coopératif ne soit pris en contrepartie.