Le parlement grec vote jeudi 18 mai un nouveau plan d’austérité déposé par le gouvernement d’Alexis Tsipras. Le quatrième depuis l’accession au pouvoir de la coalition de gauche radicale Syriza. Les syndicats grecs ont appelé à une grève générale la veille.
« Je servirai toujours la Grèce et l’intérêt du peuple grec » déclarait solennellement Alexis Tsipras le jour de son investiture au poste de Premier ministre. Élu en janvier 2015 « pour mettre fin à l’austérité », le jeune leader de la gauche radicale a représenté un espoir pour une grande partie de la population grecque. Un engouement rapidement déçu.
Les négociations, entre le nouveau gouvernement grec et ses créanciers — Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI) — aboutissent à la proposition d’un nouveau plan d’aide de 86 milliards. En échange, le pays s’engage à mettre en œuvre les réformes structurelles inscrites dans un mémorandum comprenant 220 mesures. Une nouvelle cure d’austérité en contrepartie de fonds permettant à la Grèce endettée d’éviter un défaut de paiement.
À l’issue d’âpres négociations, le Premier ministre a lancé un référendum en appelant la population à se prononcer contre le nouveau mémorandum. Le résultat a été sans appel, 61,31 % pour le non. Pourtant le 11 juillet, sous la pression de Bruxelles, Alexis Tsipras a signé l’accord. Il tourne alors le dos à sa ligne anti-austérité et au résultat de la consultation référendaire.
Les mauvais coups pleuvent
Un premier plan de rigueur voit le jour en octobre 2015, suivi d’un second en mai 2016 et d’une nouvelle série de mesures en décembre de la même année. L’âge de départ à la retraite est repoussé à 67 ans, le montant des pensions est raboté à deux reprises et la TVA est augmentée d’un point, passant à 24 %. Les taxes sur les carburants, le café, le tabac ou la téléphonie sont augmentées, ainsi que l’impôt sur le revenu. Une loi sur le travail est promulguée. Des conventions collectives sont supprimées ou mises en suspens, les salaires baissés, le droit de grève modifié et les licenciements facilités. Enfin, les privatisations se poursuivent à marche forcée avec la création d’un fonds dédié.
Rebelote. Le gouvernement a encore présenté un texte devant le Parlement le 13 mai 2017. Au programme, des augmentations d’impôts supplémentaires et une réforme des retraites de plus. La quatorzième depuis 2010. Le revenu moyen des retraités est tombé à 833 €, selon les chiffres du ministère des Finances, en baisse de 40 % en 6 ans. Le projet de loi prévoit une énième réduction des pensions pour 2019. Également concerné, le nombre de ménages assujettis à l’impôt. Les Grecs dont les revenus se situent dans la tranche comprise entre 5 600 et 6 500 € par an paieront des impôts à compter de 2019.
L’économie attendue par ces mesures sur les dépenses publiques est de 4,5 milliards d’euros. Une condition fixée par les créanciers de la Grèce pour débloquer une nouvelle tranche du prêt de 86 milliards consenti en 2015. D’un montant de 7 milliards d’euros, elle doit permettre à l’État de rembourser des obligations arrivant à terme au mois de juillet. En bon élève, le gouvernement de gauche radicale a rempli en 2016 les objectifs budgétaires fixés par Bruxelles. Hors charge de la dette, le budget est excédentaire. Une prouesse que n’avaient pas réalisées les Premiers ministres de droite ou du Pasok. Cependant, malgré tout ces efforts pour rentrer dans les critères fixés par la Commission européenne, le niveau d’endettement reste inchangé à 179 % du PIB. La charge de la dette accroît toujours l’endettement de l’état et pèse toujours sur les résultats économiques. La Grèce est entrée en récession au premier trimestre 2017, après une année de croissance nulle en 2016, selon les chiffres de l’autorité des statistiques grecque (Elstat).
Grève générale
Les deux centrales syndicales du public (Adely) et du privé (GSEE) ont réagi à ce dernier plan d’austérité en appelant à la grève générale mercredi 17 mai. Elles qualifient ces mesures gouvernementales de quatrième mémorandum et fustigent un gouvernement « soumis aux diktats des créanciers ». Le pays a été en partie paralysé hier, avec un mouvement particulièrement suivi
dans les transports, la santé et l’éducation. Le port du Pirée a été totalement bloqué. La grève continue jeudi notamment dans le secteur maritime. Les manifestations n’ont cependant pas fait le plein. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans tout le pays, loin des centaines de milliers des années précédant l’arrivée de Syriza au pouvoir.
L’espoir en berne et en manque de perspectives, à la suite de l’échec du changement politique par les urnes, une partie de la population choisit l’exil. Ils seraient déjà plus de 400 000, sur une population de 11 millions d’habitants, à avoir quitté leur pays entre 2008 et 2016, selon la Banque de Grèce. Pour ceux qui restent, la baisse des pensions est synonyme d’appauvrissement pour toutes les tranches d’âge. Avec un taux de chômage à 23,5 %, approchant les 50 % chez les jeunes, la structure familiale constituait jusqu’ici un filet de sécurité sociale. Une protection dépendant surtout de l’aide fournie par les retraités aux plus jeunes générations.
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