Les CRS présents à l’entrée du centre humanitaire de la porte de la Chapelle ont fait usage de gaz lacrymogène sur une soixantaine de migrants attendant une prise en charge, mercredi 21 avril à 7 h. Dans une vidéo publiée aujourd’hui, le groupe d’information et de soutien des immigrés-es (Gisti) dénonce les conditions d’accueil des exilés demandant protection.
Sont-ils considérés comme des personnes en danger ou une comme une menace ? En tout cas, les migrants se présentant au centre d’accueil de Paris Nord sont accueillis par des CRS ou des gardes mobiles déployés derrière des barrières de sécurité.
Mercredi 21 juin, le centre humanitaire de Paris Nord ne peut accueillir que dix personnes sur la soixantaine de migrants présents à l’ouverture. Le dispositif d’urgence est saturé depuis ses débuts. Les CRS font le tri, repoussent les recalés du jour et arrosent toute protestation à grands jets de gaz lacrymogène. Une étrange façon de souhaiter la bienvenue à des personnes en demande de protection. « Il n’y a pas de ligne, ce n’est même pas le premier arrivé, le premier servi », constate Caroline Maillary. Dépitée, la militante du Gisti tranche : « Le système est fait de telle façon que cela ne peut pas bien se passer. Le système mis en place est une violence en lui même ».
« Certains jours, personne n’entre. Résultat, plusieurs centaines de migrants dorment autour du centre dans le plus grand dénuement ». L’association dénonce les violences policières subies par les exilés en attente de protection, le plus souvent la nuit, en dehors des heures d’ouverture du centre. Une situation dénoncée également par Médecins du monde en début d’année. Depuis, le centre humanitaire est toujours surchargé et les bagarres entre migrants fréquentes. Des pressions policières équivalentes ont lieu autour du dispositif ordinaire en matière d’asile, situé à la station de métro Jaurès, selon Caroline Maillary.
Violence partout, asile nulle part ?
Une répression policière et des entraves préfectorales également dénoncées par 300 associations, collectifs et syndicats dans une lettre au gouvernement en date du 15 juin. De Calais à la frontière italienne, elles dénoncent « les manquements, l’aveuglement et l’inhumanité des politiques publiques ». La France est loin d’avoir rempli l’objectif de l’accueil de 30 000 migrants qu’elle s’était fixé pour faire face à la crise migratoire.
Selon le Gisti, un millier tout au plus auraient été transférés des points d’arrivée situés aux portes de l’Europe, vers la France. Loin des engagements pris. Pour celles et ceux arrivant par leurs propres moyens et frappant aux portes des dispositifs d’urgence, c’est un parcours du combattant pour avoir accès au droit ordinaire. Caroline Maillary s’agace du discours officiel sur le nombre de personnes mises à l’abri par des dispositifs tels que celui de la Chapelle. Elle fustige les prises d’empreintes préalables à toute demande d’asile faites dans ces centres et avance que la moitié des personnes accueillies sont remises à la rue.
Beaucoup d’autres demandeurs d’asile sous le coup d’un « dublinage » sont dirigés vers des Centres d’hébergements d’urgence pour migrants (CHUM) en région parisienne et des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) en province. Ainsi, avec les dispositions prévues par Dublin 3, ils pourront être renvoyés dans le premier pays européen où ils ont posé le pied.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.
cette situation va s’aggraver d’ici la fin de l’année car de très nombreux demandeurs d’asile, hébergés depuis cet hiver dans des CAO, se voient contraints de repartir dans le premier pays où ils ont laissé leurs empreintes (souvent sous la contrainte). Nous allons donc en retrouver beaucoup en errance, car la plupart refusent d’y aller ou en repartent aussitôt. Tant que la procédure Dublin ne sera pas totalement revisitée pour que cesse cette maltraitance, la police sera très occupée.