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Contrôleurs SNCF : une grève catégorielle très majoritaire

Les agents du service commercial trains (ASCT), nom donné aux contrôleurs par la SNCF, seront en grève tout au long du week-end à l’appel du Collectif national des ASCT et des syndicats SUD et CGT. De vendredi à dimanche, de très nombreux trains seront annulés, après l’échec des négociations avec la direction en début de semaine.

 

Ils avaient tapé fort à Noël, fin 2022. Ils remettent ça aujourd’hui pour se faire entendre. Cette fois au milieu des vacances de février. Les contrôleurs seront massivement/majoritairement en grève de vendredi à dimanche. Selon les syndicats, les déclarations d’intentions individuelles, obligatoires pour les roulants 48 heures avant la grève, montrent que près de sept contrôleurs sur dix seront en grève ce week-end. A l’heure où nous publions cet article, la direction de la SNCF n’a pas encore communiqué son plan de trafic. Pour autant, elle a fait connaître ce matin sa volonté d’affréter un TGV sur deux, quitte à mobiliser des cadres pour assurer le départ de certains trains.

Au cœur du conflit, le non-respect du protocole d’accord signé par les quatre syndicats représentatifs de la SNCF (CGT, UNSA, SUD, CFDT), au lendemain de la grève de Noël 2022 – suivie par plus d’un agent sur deux. Cet accord en urgence avait permis à la SNCF d’éviter une nouvelle grève le jour de l’an. Le protocole prévoyait, entre autres, la reconnaissance de la pénibilité, qui devait se traduire par la mise en place d’une cessation progressive d’activité permettant de partir un peu plus tôt à la retraite, dès 2023. Or cette mesure attend toujours, selon les syndicats. De même que l’engagement d’une présence de deux contrôleurs par TGV, alors que la direction réfute le non-respect du protocole d’accord.

En plus de ces deux revendications centrales, les contrôleurs, qui ont le sentiment de s’être fait berner, réclament des mesures salariales pour faire face à l’inflation. Les salaires des contrôleurs en début de carrière n’excèdent pas 1700 à 1800 euros net, primes comprises.

 

Un bras de fer assumé par la direction

 

La direction n’a pas découvert le mécontentement des contrôleurs à l’occasion des départs au ski. Début novembre, interpellés par le collectif national des ASCT, des syndicats signataires de l’accord ont déposé une alarme sociale, préalable à un préavis de grève. Cette dernière permet l’ouverture en urgence d’une réunion avec la direction. Cette alerte ne semble pas avoir été prise au sérieux par la SNCF. Pour autant, les menaces de grèves à l’occasion des fêtes de fin d’année n’ont pas été mises à exécution cette année, contrairement à l’année précédente.

Une nouvelle alerte sociale est donc déposée le 17 janvier. Mais les réunions avec la direction « n’ont pas satisfait les revendications, puisque les mesures annoncées tapaient à côté des revendications exprimées par les contrôleurs », explique Fabien Villedieu du syndicat SUD-Rail. En lieu et place de l’application rapide de la cessation progressive d’activité, du passage à deux contrôleurs dans les TGV et d’une augmentation salariale, la direction propose une prime exceptionnelle de 400 euros et quelques embauches. Assez pour que la CFDT lève sa menace de grève, mais pas pour que la CGT et SUD-Rail fassent de même. Le collectif national des ASCT, qui garde un fort crédit dans la profession, ne se range pas non plus.

A l’issue des annonces de la SNCF, la direction a appelé les contrôleurs à la responsabilité en ce début de semaine. Une pression reprise par le Premier ministre, ce mercredi matin, en marge d’un déplacement dans le Val-de-Marne. Gabriel Attal a lui aussi lancé son appel « à la responsabilité » à seule destination des contrôleurs. Et pour accentuer la pression, le Premier ministre a mis en concurrence le droit de grève et le « devoir de travailler ».

Ainsi, fort du soutien du gouvernement, « la direction de la SNCF ne veut pas répondre à ces revendications catégorielles et assume le conflit et le bras de fer », assure Fabien Villedieu du syndicat SUD-Rail.

 

Un conflit qui peut en cacher d’autres

 

Les contrôleurs ne souhaitaient pas une grève tous services, afin de faire valoir leurs revendications spécifiques. Et pour obtenir des résultats : « taper très fort ce week-end, laisser le temps de négocier, puis retaper d’ici deux ou trois mois. Avec la perspective des JO pour monter en pression », résume Fabien Villedieu. Mais ce conflit n’est pas le seul qui couve à la SNCF. Au mois de janvier, plusieurs ateliers de maintenance des TGV étaient en grève. Dans les semaines qui viennent, les aiguilleurs pourraient également faire valoir leurs revendications par la grève.

Multiplier les mobilisations catégorielles semble être l’étape du moment à la SNCF. « On part du constat que la grève interprofessionnelle sur les salaires le 13 octobre a été un bide, avec moins de 10 % de grévistes à la SNCF. Peut-être qu’il faudra passer par des mobilisations par métiers et locales pour faire la démonstration que ça peut marcher et donner un peu de confiance et d’énergie à tout le monde, pour appeler l’ensemble des cheminots » analyse le syndicaliste. En attendant, les contrôleurs se réuniront en assemblée générale non ouverte, au premier jour de la grève ce vendredi afin d’envisager les suites de leur mobilisation.