Classes surchargées, salaires en berne, budgets de la ville en baisse, craintes de privatisation, les enseignants de la deuxième ville des États-Unis se lancent dans un mouvement de grève pour bousculer des négociations avec la mairie qui piétinent depuis deux ans.
Les enseignants de Los Angeles ayant connu la dernière grande grève dans ce secteur sont soit déjà à la retraite, soit, tout près d’y être. Lundi 14 janvier, plus de 30 000 professeurs et personnels de la ville de Los Angeles aux États-Unis se sont mis en grève. Une première depuis 1989.
Le budget alloué à l’enseignement n’est pas géré par l’État fédéral aux États-Unis. Ainsi, en Californie, le financement public par élève est deux fois inférieur à celui de l’État de New York. À Los Angeles, les enseignants dénoncent des effectifs pouvant atteindre 50 élèves par classe, alors que les négociations entre le Los Angeles Unified School District et le syndicat United Teachers Los Angeles ont échoué la semaine dernière. La semaine dernière, la dernière proposition des autorités a été de fixer un maximum de 35 élèves par classe au collège, et 39 au lycée, contre une moyenne de 42 actuellement, selon les chiffres donnés par la ville.
De leurs côté, les enseignants réclament des embauches sur plusieurs années, à la fois pour réduire réellement le nombre d’élèves par classe, mais aussi pour que chaque collège et lycée soit doté d’une infirmière et d’une bibliothécaire. Leur syndicat exige également une augmentation salariale immédiate de 6,5 %, assortie d’une mesure de rétroactivité. Pour le moment, la ville propose 6 %, étalée sur deux ans.
Une grève historique
Localisée, la grève n’en est pas moins exceptionnelle. Les enseignants n’étant pas employés par l’État fédéral, leurs conditions de travail et de rémunération varient d’un district à l’autre, rendant difficiles les actions concertées à l’échelle du pays. Ici, c’est le syndicat des enseignants de Los Angeles qui a appelé à cesser le travail. Lundi matin, avant le lever du soleil, sous une pluie glaçante, des piquets de grève se sont formés partout devant les établissements scolaires publics de la ville. En milieu de matinée, les grévistes ont convergé vers le centre-ville pour une manifestation massive.
Accompagné de parents d’élèves, le défilé des professeurs, assistants et conseillers d’éducation, a pris la direction de la mairie de Los Angeles. Ils étaient 20 000 selon la police locale. La grève illimitée se poursuit ce mardi, avec une nouvelle manifestation prévue dans le centre-ville. À moins que le district de Los Angeles et le syndicat des professeurs ne trouvent un accord, la grève pourrait durer plusieurs jours. Sur ce point, les autorités soufflent le chaud et le froid.
Appel au syndicat enseignant à revenir à la table des négociations d’un côté, précisant même être disponible 24 h sur 24, et 7 jours sur 7. Dénonciation des grévistes de l’autre, accusés d’avoir fait perdre 15 millions de dollars à la ville, par leur première journée de grève. Quel qu’en soit l’issue, le mouvement est observé dans tout le pays par des enseignants, généralement guère mieux lotis que leurs collègues de Californie.
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