Ouibus

Les Ouibus Lyon en grève contre leur liquidation

 

Les derniers 17 chauffeurs de Ouibus à Lyon ne veulent pas se rendre. Samedi 27 mai, ces salariés d’une filiale de la SNCF ont entamé une grève illimitée pour refuser leur transfert imminent vers un sous-traitant, Faure Express. Après une suspension du mouvement au troisième jour de grève, ils ont de nouveau arrêté le travail le samedi du week-end de Pentecôte.

 

« Mon salaire, c’est les découchés et les repas », explique Amar Merabet, chauffeur Ouibus à Lyon. Payé 10,47 € brut de l’heure, son salaire de base ne dépasse guère les 1200 € par mois. Avec les primes touchées lors des fréquents voyages de 4 à 5 jours sans rentrer chez lui, sa paye grimpe à 2200 €. C’est un des points d’achoppement. « Chez Faure Express, les conducteurs sont payés 10,38 € de l’heure », légèrement moins. Mais surtout, les compensations pour les découchés sont moins intéressantes. Les chauffeurs de Ouibus en grève évaluent le manque à gagner à presque 600 € par mois.

Pour eux, il n’en est pas question. « La SNCF dit nous payer trop, mais nous travaillons fréquemment six jours d’affilés en deux voyages », s’agace Amar, avant de rappeler que la SNCF C6, la filiale qui les emplois, est venue les recruter en 2012 en leur faisant miroiter de bons salaires. Ils exerçaient tous dans d’autres compagnies. À l’époque, la SNCF se lance dans le marché du transport de voyageurs en bus. Elle crée Idbus, devenu Ouibus, embauche des chauffeurs et y met le prix. Déficitaire en 2016, la filiale qui compte un niveau d’encadrement record avec un cadre pour un chauffeur, a changé son fusil d’épaule.

La loi Macron déréglementant le secteur est passée par là. La SNCF C6 a développé la sous-traitance, dans un premier temps pour élargir son offre sur les lignes de bus nationales nouvellement ouverte à la concurrence. Aujourd’hui avec le site de Lyon, il ne s’agit plus de conquérir des marchés, mais de basculer son activité existante vers un sous-traitant. Les lignes, les bus et les chauffeurs font partie du voyage et le transfert est imminent.

 

Les chauffeurs de Ouibus Lyon en grève le 27 mai à la gare de Perrache

« Ouibus veut devenir une plateforme ne s’occupant que de la vente des billets et de l’administratif, comme sa concurrente Flixbus » analyse Rémy Haddad, délégué syndical CGT travaillant sur le site de Lille. Une forme d’uberisation ? En tout cas un moyen de tirer les salaires vers le bas pour le syndicaliste. Une réalité moins enthousiasmante que la promesse de créer 22 000 emplois dans le secteur avec la loi Macron de déréglementation. Pour Amar Merabet, le verdict est sans appel: « La loi Macron est une loi de précarité. »

 

Une lutte dos au mur

 

Depuis la fin d’année 2016 et les premières annonces de transfert vers Faure express, les effectifs ont fondu comme neige au soleil. De 60 l’an dernier, le nombre de chauffeurs est passé à 17 début juin. Le dernier carré de salariés évoque une forte pression interne depuis le début de l’année, des « départs volontaires » de collègue usés ou découragés, et une chasse à la moindre erreur conduisant à des mises à pied ou des licenciements. De son côté, la direction de Ouibus annonce des proposions allant « au-delà des dispositifs réglementaires pour un transfert d’activité ». Elle met en avant des possibilités de reclassement et des aides financières au départ volontaire.

Les salariés en grève ce samedi sont particulièrement remontés contre ce qu’ils jugent n’être que de la communication d’entreprise. Les passerelles vers la SNCF sont conditionnées à la réussite de test et à une démission préalable à l’entrée en formation vers de nouveaux métiers au sein du groupe, expliquent-ils. Les 17 chauffeurs restants souhaitent poursuivre leur travail au sein de Ouibus, ou à défaut bénéficier d’un vrai reclassement au sein de la SNCF. Depuis le début de leur mouvement, la direction a refusé de les rencontrer. Pour toute réponse, ils ont reçu un mail jeudi 1er juin, leur demandant de se présenter chez Faure Express en vue de leur intégration mardi 6 juin.

La grève des chauffeurs lyonnais se poursuit jusqu’à lundi. Après, c’est un peu l’inconnue. Poursuivre la grève, se présenter chez Faure express mardi matin ou faire des actions plus percutantes, toutes les options sont envisagées. Mais, certains chauffeurs ont déjà annoncé leur intention d’entamer une grève de la faim. À partir de mardi, un préavis de la CGT appelle cette fois-ci tout les sites de Ouibus à se mettre en grève.

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