« Des dossiers vides, des documents administratifs censurés, des rapports manipulés dénoncés par les représentant-e-s des personnels » : pour la fédération de l’éducation de l’Union syndicale Solidaires les demandes de « mutations dans l’intérêt du service » de militantes de Sud-éducation du collège République à Bobigny relèvent bien d’une répression antisyndicale « orchestrée par le rectorat de l’académie de Créteil et le ministère de l’Éducation ». Dans un article publié ce lundi par Libération, le journal dépeint une ambiance autoritaire dont seraient responsables les syndicalistes incriminés, et une salle des profs divisée en deux camps. A l’appui, plusieurs témoignages d’enseignants hostiles à l’équipe syndicale de l’établissement.
Mais adossé du témoignage d’une collégienne et d’un parent d’élève, il en ressort une impression générale de violence à l’égard des personnels et des élèves, qui justifiait les sanctions risquant d’être prises mercredi 3 juillet par le rectorat de Créteil. C’est ce que dénonce Sud-éducation dans un communiqué. « Les syndicalistes seraient la cause de tous les maux du collège, des faits de violence ou même de l’échec scolaire des élèves dans ce collège de REP+ du 93 », se scandalise le syndicat. D’autant qu’il considère que « les conditions de travail et d’études dans cet établissement comme dans l’éducation prioritaire dans son ensemble sont extrêmement difficiles à cause de la politique conduite par le gouvernement ».
Un article autant à charge que les dossiers ?
De son côté, le comité de soutien aux syndicalistes de Bobigny admet des tensions dans l’équipe enseignante. Mais pour lui, « les conflits qui existent entre les personnels sont le fait des baisses de budget qui ont entraîné la mise en concurrence des projets et des équipes. L’administration a laissé pourrir ou a attisé ces conflits ». Une administration justement la cible de cette section syndicale qui revendique des « pratiques syndicales de base » et de constituer quand elle le juge nécessaire « des délégations auprès de la direction d’établissement ».
En tout cas, les deux syndicalistes promises à une mutation forcée, engagée par le rectorat fin mars, ont découvert des dossiers vides le 9 avril lorsqu’elles les ont consultés. Dossiers qui « ont été remplis de documents à l’origine douteuse », ont-elles constaté le 7 juin lors d’une nouvelle convocation par le rectorat. Autre élément étonnant : ces deux enseignantes avaient été promues au grade de la classe exceptionnelle par le rectorat. Ainsi, l’article paru dans Libération a été interprété comme étant autant à charge contre les deux militantes sudistes que les dossiers du rectorat. Le récit notamment d’actes de violences intervenues ces dernières années, et n’étant pas le fait de syndiqué à Sud-éducation, les confirmant dans cette perception.
« Il faudrait que l’équipe sorte maintenant quelques-unes des lettres de soutien des parents », assure en off un syndicaliste enseignant. Pour lui, les 100 courriers de soutien de parents d’élèves rétabliraient indiscutablement l’équilibre face aux témoignages d’une seule collégienne et d’un seul parent. Une « affaire » qui ne manquera pas de rebondir à l’approche de la commission paritaire devant statuer mercredi sur le sort des deux enseignantes de Bobigny.
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