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Les sous-traitants du nucléaire en grève le 18 septembre contre le dumping social

 

La veille de la journée de grève des salariés d’EDF contre le projet de séparation en deux sociétés des activités de leur entreprise, les salariés de la sous-traitance dans le secteur du nucléaire sont appelés à des arrêts de travail pour réclamer une convention collective commune pour leurs métiers.

 

Ils sont 160 000 sur un total de 220 000 salariés dans la filière, travaillent pour plus de 2500 entreprises différentes, réalisent au moins 80 % des activités sur le parc nucléaire, et pour une partie d’entre eux, seront en grève mercredi 18 septembre. Depuis la mi-juillet, Sud Énergie a lancé un mot d’ordre de grève pour l’ensemble des salariés de la sous-traitance dans le secteur du nucléaire. Dans certaines entreprises comme à Nuvia ou Endel, des syndicats CGT, CFDT et FO appellent également à la grève. Leur objectif : obtenir la création d’une convention collective commune.

Ils s’appuient pour cela sur le rapport parlementaire Pompili datant de 2018 qui avait été commandé à la suite d’actions de l’ONG Greenpeace sur plusieurs centrales nucléaires. Centré sur la sécurité, le rapport formule toute une série de recommandations. Parmi elles : le regroupement sous une même convention collective de l’ensemble des travailleurs de la filière. Les parlementaires soulignent que « l’une des principales dérives liées à la sous-traitance est la pression sur les coûts, la recherche de rentabilité économique, qui entraîne une moindre attention portée au critère de sûreté et une dégradation des conditions de travail pouvant également l’affecter ».

 

Sûreté nucléaire low-cost ?

 

Un constat que n’ont de cesse de dénoncer les syndicats du secteur. « L’absence de convention collective permet aux entreprises et aux grands groupes comme Vinci ou Bouygues de faire du dumping social », explique Gilles Reynaud, syndicaliste à Sud Énergie et animateur du site internet Ma zone contrôlée. Avec pour conséquence une dégradation des conditions de travail du niveau de sécurité et de sûreté des installations nucléaires assure le syndicaliste. « Aujourd’hui, nous sommes sur le fil du rasoir avec des installations vétustes, de gros travaux en cours, de gros carénages, des activités de démantèlement de plus en plus nombreuses. Si en plus on y met des hommes et des femmes que l’on méprise, vous comprenez bien que cela devient explosif », s’inquiète Gilles Reynaud.

Autre sujet d’inquiétude, cette fois pour les parlementaires du rapport Pompili, la perte de compétences et de savoirs faire des exploitants qui gèrent les centrales et dont la dépendance aux entreprises sous-traitantes grandit. Un argument qu’EDF avait réfuté, affirmant pouvoir agir seul sans le secours de ses sous-traitants. Pourtant, au moment de l’accident de Fukushima au Japon en 2011, l’ancien directeur de la centrale avait rapporté que les entreprises sous-traitantes avaient quitté les lieux prétextant qu’une telle situation n’était pas prévue dans leur contrat. Les entreprises Vinci ou Nuvia feraient-elles mieux dans une telle situation ?

 

Contaminer le parc nucléaire

 

« Chaque fois qu’une entreprise remporte un contrat, c’est toujours le moins-disant qui l’emporte, et nous devons faire des concessions à chaque fois », constate Gilles Reynaud. Et ce, malgré des actions syndicales sur les sites concernés au coup par coup. Cette foi-ci, la grève concerne l’ensemble des métiers et des entreprises sous-traitantes. « Nous voulons libérer la parole, nous avons besoin que nos collègues expliquent ce qui se passe, ce qu’ils vivent », explique le syndicaliste qui espère voir ses collègues « comprendre l’importance de mobiliser pour voir leurs conditions de travail s’améliorer ».

Mercredi, dès 5 h du matin, des filtrages de route avec distribution de tracts s’installeront autour du site du Tricastin dans la Drôme. Des actions similaires sont prévues sur les centrales de Cruas, Cattenom, Marcoule, Paluel, Civaux ou encore Gravelines. Une mobilisation qui aimerait contaminer tout le parc nucléaire. Le lendemain, c’est au tour des salariés d’EDF d’être en grève. Cette fois-ci contre le projet Hercule qui prévoit de séparer l’entreprise en deux entités. L’une gérant le parc nucléaire et ses coûts faramineux resterait dans le giron de l’état, l’autre s’ouvrirait aux capitaux privés.

Les intérêts des salariés d’EDF et ceux des travailleurs de la sous-traitance se rencontreront-ils ? C’est un des enjeux pour les 160 000 employés de la filière nucléaire travaillant pour Vinci, Bouygues, Nuvia et consorts.