Une mobilisation à l’échelle européenne a réclamé le 28 septembre l’inscription des droits des femmes à disposer de leur corps dans le droit européen. En France, des rassemblements ont eu lieu dans une vingtaine de villes.
« Dans tous les pays, avortement libre et gratuit », ont scandé près de 500 femmes Place de la République à Paris, jeudi 28 septembre. Réunies autour de l’appel « Pour le droit à l’avortement en Europe, les femmes décident ! », elles ont jeté des cintres, symboles des avortements clandestins. D’autres rassemblements se sont tenus au même moment dans une vingtaine de villes en France. Là aussi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour défendre l’avortement partout en Europe.
« Nous recevons souvent des femmes venant en France pour avorter », explique une militante du Planning familial parisien. Dans de nombreux pays, le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est pas reconnu, obligeant des femmes à partir à l’étranger. Mais la permanence du Planning familial à Paris reçoit aussi des Françaises ayant dépassé le seuil des 12 à 14 semaines légales. Leur souhait : partir aux Pays-Bas ou en Angleterre où elles peuvent pratiquer une IVG jusqu’à 24 semaines d’aménorrhée.
Des droits différents selon les pays
« La question de l’avortement est de la compétence de chaque État, c’est pour cela qu’il faudrait un texte de référence au niveau européen », a précisé Nelly Martin, de la Marche mondiale des femmes lors d’une conférence de presse précédant la mobilisation. C’est la raison pour laquelle les mouvements féministes d’une quinzaine de pays membres de l’Union européenne se sont regroupés afin d’obtenir une législation commune s’alignant sur les pays les plus favorables. À Bruxelles, des délégations de femmes venant de plusieurs pays se sont rassemblées devant les institutions communautaires pour déposer une pétition réclamant la reconnaissance comme droit fondamental du droit à disposer librement de son corps. Des manifestations ont également eu lieu en Italie, en Grande-Bretagne ou encore en Espagne.
« Les femmes sont confrontées à trois types de situations en Europe », explique Hélène Hernandez, une des animatrices de l’émission « Femmes Libres » sur Radio Libertaire. Il y a « les pays ayant obtenu un droit à l’avortement et risquant un retour en arrière. Ceux dans lesquels les femmes se battent contre des tentatives de régression et enfin les pays dans lesquels les droits n’existent pas ». Malte, Chypre, l’Irlande ou la Pologne font partie de ces derniers. L’avortement y est soit totalement interdit soit extrêmement restreint. En Irlande, seul le danger pour la vie de la mère autorise le recours à l’IVG. Aucune autre raison n’est acceptée et l’avortement y est puni d’une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. À Dublin, un référendum a cependant été annoncé pour le printemps 2018, laissant entrevoir une amélioration pour les droits des femmes.
Une éclaircie faisant figure d’exception. Le droit des femmes à disposer de leur corps a été remis en question dans plusieurs pays européens depuis 2010. En Espagne, le gouvernement de Mariano Rajoy a essayé en 2014 de restreindre les possibilités d’avorter, avant de reculer face à un mouvement massif de protestation. Même tentative en Pologne en 2016, et même reculade face aux manifestations des femmes. Mais, ce climat de retour à un certain ordre moral souffle également sur la Hongrie, la Lituanie, et même sur la France. Les déclarations du candidat à la présidentielle de la droite républicaine, François Fillon, ayant laissé planer le doute sur ces intentions sur le sujet. Une motivation supplémentaire pour les militantes féministes de voir inscrire dans le droit européen la reconnaissance du droit des femmes.
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