Les verrous démocratiques sont-ils appelés à tomber les uns après les autres ? Il semblerait que oui si l’on se fie au député de la majorité présidentielle de la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône. Celui-ci ne réclame rien de moins que la dissolution de l’union départementale CGT. Par voie de communiqué, Mohamed Laqhila explique qu’il va demander à Édouard Philippe et au ministre de l’Intérieur « d’examiner dans quelle mesure la dissolution de l’antenne départementale de cette association est envisageable ».
En cause la perturbation mercredi soir d’un meeting du député par des salariés de l’usine de charbon de Gardanne, en grève depuis plus de trois mois. Ces derniers réclament un moratoire ainsi qu’un projet industriel. « Sous couvert de liberté syndicale, certains utilisent l’intimidation et appellent à la violence », argumente le député qui cible la CGT du département en expliquant que « ces agissements sont comparables […] à ceux de groupuscules extrémistes violents ». Haro sur les redblock donc !
Le député n’est certes pas le premier à attaquer en des termes très virulents la CGT. Avant lui, le patron du Medef Pierre Gattaz l’avait qualifié de terroriste pendant la loi El-Khomry. Cependant, une demande de dissolution : même lui ne s’y était pas risqué. En effet, une telle mesure a déjà été prise par un gouvernement en France. Il concernait même l’ensemble de la confédération. Mais il s’agissait du régime de Vichy en 1940.
Avec cette demande, le député envoie encore un signal inquiétant. Un de plus, avec l’intégration de l’opération sentinelle dans le dispositif de maintien de l’ordre lors de l’acte 19 des gilets jaunes. Un signal aussi frappant que celui dispensé avec les déclarations du gouverneur militaire de Paris le vendredi 22 mars en assurant que les soldats pourraient aller jusqu’à ouvrir le feu en cas de menace. Cela commence à faire beaucoup.
Faisons face ensemble !
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