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Et une et deux et trois attaques contre la liberté d’informer

 

Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a évoqué, mardi 17 novembre devant la commission des lois du Sénat, l’idée de se pencher sur la loi de 1881 régissant la liberté de presse, au prétexte de lutter contre la haine en ligne. Avec pour objectif : « l’éviction de ceux qui ne sont pas journalistes et qui ne méritent pas de profiter de cette loi […] et qui viennent s’y lover » rapporte Public Sénat.

Le même jour, l’Assemblée nationale examinait la proposition de loi sur la « sécurité globale ». Un texte qui prévoit dans son article 24 : un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende pour la diffusion d’images permettant l’identification d’un membre des forces de l’ordre agissant dans le cadre d’une opération. Une atteinte intolérable au droit d’informer pour les syndicats de journalistes mobilisés devant l’Assemblée nationale pendant l’examen du texte. D’autant que dans la pratique, même sans cette loi, de nombreux reporters voient déjà leur travail entravé par les forces de l’ordre.

Déjà, à la fin du mois de septembre, la publication du nouveau schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) inquiétait la profession. Celui-ci indiquait que « dès lors que des journalistes ou membres d’associations sont au cœur d’un attroupement, ils doivent, comme n’importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l’ordre en se positionnant en dehors des manifestants appelés à se disperser. » Et ainsi, ne pas couvrir l’action de la police. Associé à la mise en place par SNMO d’un canal d’échange privilégié entre un officier référent et les journalistes munis d’une carte de presse, c’est à un véritable contrôle de l’information auquel le gouvernement nous prépare. La ligne franchie hier par Éric Dupond-Moretti laisse craindre maintenant une volonté de l’État de décider qui est, ou n’est pas, journaliste.