Fourberies patronales dans l’informatique : la recette d’ESI

 

Besoin de simuler informatiquement un accident de voiture, d’avion, voire de centrale nucléaire ? C’est l’entreprise ESI, leader du prototypage virtuel en France qui s’en charge. Avec 320 salariés en France et 1200 dans le monde, la petite multinationale française dont les clients sont Airbus, Boeing, ou encore de nombreux constructeurs automobiles, se porte bien malgré la crise économique. « ESI n’est pas victime de la Covid, toutes les parts de marché ont été conservées pour 2021 », a même déclaré sa directrice générale.

Comment expliquer dès lors que la direction d’ESI ait annoncé le 5 octobre qu’elle se débarrasserait de 9 salariés pour des raisons économiques ?

« En vérité ce sont des licenciements ciblés, ESI se sert de la procédure de licenciement économique collectif pour ne pas avoir à demander l’avis de l’inspection du travail et des syndicats. On pense que l’objectif c’est de faire, à long terme, une restructuration de l’entreprise à moindre coût et il est fort probable que pour cela la direction ait décidé de virer en premier ceux qui étaient le plus susceptible de lui mettre des bâtons dans les roues. Ce n’est peut-être qu’une première vague de 9 qui sera suivie par d’autres », affirme un délégué syndical de solidaires informatique.

Dans le groupe de personnes menacées de licenciement on trouve en effet un délégué syndical. Il avait contribué à déclencher une alerte économique le 9 juillet pour connaître un peu plus en détail l’état des finances de sa boîte. Peu soucieuse des droits des travailleurs ESI souhaite également licencier une salariée en congé maternité, qui a appris la nouvelle alors qu’elle était à son domicile.

« Si la démarche avait été de bonne foi, ESI nous aurait proposé des reclassements au sein de l’entreprise, ce qui est totalement faisable vu les profils des personnes menacées. Or ce n’est le cas que pour une minorité d’entre nous », détaille le même syndicaliste. L’affaire est cependant loin d’être terminée et les salariés n’entendent pas se laisser faire. Des rassemblements de protestation plutôt bien suivis ont eu lieu dans la semaine sur les site de Lyon, Aix-en-Provence et Rungis.