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Le scandale bidon du « rapport-choc » sur le vrai temps de travail des fonctionnaires

 

Voici un buzz médiatique bien à propos pour le gouvernement à la veille du lancement de sa réforme de la fonction publique. Le Figaro qui s’est procuré le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) remis au ministre des Comptes publics titre ainsi : « Exclusif : le rapport-choc sur le vrai temps de travail des fonctionnaires ». Et toute la presse reprend en cœur sur le ton du scandale tel LCI : « le rapport qui accable les fonctionnaires ». En réalité, les données fournies révèlent un temps de travail marginalement inférieur aux 35h. De quoi parle-t-on ?

Sur 1,1 million de fonctionnaires audités, 310 000 travaillent moins de 35 h selon le rapport, soit 28,18 %. Midi Libre, mal à l’aise avec les chiffres, écrit que cela concerne près d’un fonctionnaire sur trois, même si en réalité 28,18 % est plus près d’un fonctionnaire sur 4 (25 %) que d’un sur 3 (33 %). Les Échos pataugent dans les mêmes difficultés comptables que le quotidien du Languedoc. Mais trêve de taquinerie : sur les 310 000 agents dont le temps de travail est comptabilisé en dessous de 1607 heures par an, 190 000 le seraient de façon indue et 120 000 de façon justifiée. Pour nombre de ces derniers, ce sont souvent des repos compensateurs liés au travail de nuit ou de week-end et jours fériés. En somme : la continuité des services publics.

Ainsi, ils ne sont finalement que 17,27 % à travailler moins de 35 h sans justification, soit proche d’un fonctionnaire sur six. Bien moins vendeur qu’un sur trois ! Et encore pour ceux-là, l’écart avec les 1607 heures annuelles requises est assez faible. Dans les collectivités territoriales particulièrement ciblées par le rapport de l’IGF, le nombre d’heures travaillées est de 1578 heures. En clair, pour une année entière 29 heures de moins, soit 1,8 % de travail en moins. Réparties sur 47 semaines hors congés payés : 37 minutes par semaine travaillée. En somme : l’affaire du siècle !

Effectivement, si écart il y a, une autre disparité entre salariés du public et du privé fait rarement la une : celle des rémunérations. En moyenne, les agents des collectivités territoriales pointés dans le rapport gagnent pourtant 15 % de moins que le salaire moyen dans le privé. Du coup, les conclusions du rapport préconisant la suppression de 30 000 postes paraissent un peu téléguidées et tombent à point pour l’exécutif qui souhaite supprimer 120 000 postes d’ici 2022 et fait face à un appel à la grève de sept fédérations de fonctionnaires pour le 9 mai.