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Macron parle et la mobilisation continue [L’AG]


 

Des blocages persistants

 

Un chiffre à retenir pour évaluer l’ampleur du phénomène : 1200 manifestations non déclarées ont été répertoriées depuis l’utilisation du 49-3, jeudi dernier, a assuré hier le ministre de l’Intérieur. Et quelques dizaines de plus dès ce matin de bonne heure. D’abord, avec l’opération « ports morts » de la CGT Ports et Docks. Mais aussi, dans la filière déchet, avec des blocages sur les sites de Romainville, d’Aubervilliers et de Veolia à Bourges. Ou encore au parc d’activité économique Belle étoile à Nantes.

Autres cibles des grévistes et manifestants : les dépôts de carburants de Lorient, Toulon et Bordeaux, ceux de bus de La Rochelle et Vannes, celui de gaz de Storengy (Oise). Mais aussi un centre logistique à Tourcoing, un centre courrier à Guéret, des zones commerciales à Poitiers et Bayonne, le Macdonald des Champs-Élysées, et des opérations bloquantes autour des villes de Marseille, Quimper, Angoulême, Montluçon… quand ce ne sont pas les voies de chemin de fer qui sont temporairement envahies comme à Marseille, Toulouse ou Montpellier.

Enfin, Rennes a été le théâtre de plusieurs heures d’affrontements avec les forces de l’ordre. Une manifestation des marins-pêcheurs y a été rejointe par des opposants à la réforme des retraites.

 

Macron parle à Macron

 

Ce fut 35 minutes éprouvantes pour la rédaction de Rapports de force qui s’est imposée l’intervention d’Emmanuel Macron. Sans surprise, il n’y a eu ni apaisement ni retrait de la réforme des retraites aujourd’hui. Mais les paroles du chef de l’État ont été lunaires, hors du temps et du réel. En filigrane de ces 35 minutes : une autosatisfaction, sans le moindre regret ou la moindre autocritique. Ni sur le projet de loi ni sur sa méthode ni sur le reste de sa politique. Et la volonté du président de la République de poursuivre dans ce sens. S’il le faut : « à marche forcée ». Et la faute rejetée sur les autres, tous les autres finalement, responsables de ne pas avoir compris la réforme, de s’opposer. Et au milieu, des mensonges et quelques provocations sur sa réforme, sa politique, envers les syndicats. Et même le poison lorsqu’il tente d’opposer ceux qui ne veulent pas travailler deux ans de plus et les bénéficiaires du RSA qu’il souhaite forcer à travailler pour le même revenu de substitution de misère qu’aujourd’hui.

 

Regain de mobilisation demain

 

La journée de grève interprofessionnelle de jeudi 23 mars s’annonce plus forte que la précédente. Les renseignements territoriaux prévoient – même s’ils se sont régulièrement trompés – entre 600 000 et 800 000 manifestants sur l’ensemble du territoire. Du côté des arrêts de travail, la FSU annonce un pourcentage de grévistes en hausse demain : 40 % à 50% dans les écoles. Dans les universités, 70 établissements sont maintenant mobilisés, selon un décompte étudiant. A la RATP le trafic sera très perturbé dans le métro et le RER (1 train sur 3 à 1 sur 2). La direction de la SNCF prévoit aussi un trafic fortement perturbé jeudi, plus que lors de la dernière journée de grève le 15 mars. Ainsi 1 TGV sur 2 et 1 TER sur 3 seront en circulation le 23 mars.