La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, surnommée « prime Macron », a été remplacée à la mi-août par la prime de partage de la valeur, sur impulsion de la loi « portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat ». Présentée en 2018 comme une réaction d’urgence au mouvement des Gilets Jaunes, elle a été chaque année renouvelée, et est désormais pérennisée. Le tout, au détriment d’une politique globale d’augmentation des salaires. À la veille de la mobilisation interprofessionnelle du 29 septembre autour des salaires, quel bilan peut-on réellement tirer de cette prime ?
Pour sa dernière année d’application, la « prime Macron » devait être versée entre le 1er juin 2021 et le 31 mars 2022. Près de 4 millions de salariés en ont bénéficié, pour un montant moyen de 506 euros, annonçait en février le ministère des Comptes Publics. Soit à peine un salarié sur cinq, puisque l’on compte 25 millions de salariés en France. De plus, le montant moyen ne correspond qu’à la moitié du plafond, fixé à 1 000 euros.
Il faut rappeler que le versement de cette prime est basé sur le volontariat. Autrement dit, les employeurs sont libres de la verser ou non, et décident de son montant dans la limite du plafond défini (1 000 euros, donc, jusqu’ici). En 2020-2021, 6 millions de travailleurs avaient pu la toucher. Pour les deux années précédentes, ils étaient près de 5 millions. Dès sa première année d’application, le montant moyen de cette prime était bas : autour de 450 euros.
Les contours de cette « prime Macron » ont donc été revus par la loi pouvoir d’achat du 16 août 2022. La prime de partage de la valeur la remplace désormais, et devient pérenne. L’argument du gouvernement ? Il s’agirait d’une réponse à l’inflation galopante et à la perte de pouvoir d’achat des salariés… Avec toujours moins de contraintes pour les employeurs que de réelles augmentations de salaires. Et ce, alors que les luttes salariales dans les entreprises sont particulièrement fortes depuis un an. Car rappelons-le : cette prime est exonérée de toute cotisation sociale, pour l’employeur comme pour le salarié. Et elle est défiscalisée.
La nouvelle prime de partage de la valeur triple le plafond jusqu’ici en vigueur. Il est désormais fixé à 3 000 euros pour toutes les entreprises, et à 6 000 euros pour celles embauchant moins de 50 salariés, celles ayant signé un accord d’intéressement, ou pour les travailleurs de deuxième ligne (commerce, propreté, aide à domicile, transports…). Mais au vu des montants moyens versés jusqu’ici, on peut douter que ce triplement des plafonds aient un quelconque effet.
À compter de 2024, cette prime désormais durable ne sera plus défiscalisée. Mais elle sera encore partiellement exonérée de cotisations sociales.
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