Les faits sont têtus et les chiffres font mal. L’Unédic a publié, hier en fin de journée, une nouvelle étude d’impact sur la réforme de l’assurance chômage, en prenant en compte le décret publié le 31 mars 2020. Celle-ci confirme la première étude de l’organisme paritaire, contestée publiquement à la fois par Bruno Le Maire et par Élisabeth Borne. L’Unédic maintient, en prenant en compte le décret publié le 31 mars 2020, que 1,15 million de demandeurs d’emploi verront leurs allocations mensuelles baisser, après le 1er juillet, du fait du changement de calcul du salaire journalier de référence (SJR). En moyenne de 17 %. Ce sont surtout les jeunes et les chômeurs qui travaillent sur une partie de la période de référence qui en feront les frais.
Dans le détail, 365 000 chômeurs verraient leur allocation passer en moyenne de 885 € à 621 €. Soit 264 € de moins chaque mois. Et 350 000 autres enregistreraient une baisse mensuelle de 178 €, passant d’une allocation de 900 € à 722 €. Enfin, 435 000 perdraient 53 € par mois. Mais la modification du SJR n’est pas la seule mesure de la réforme de l’assurance chômage qui réduira les droits des demandeurs d’emploi. L’augmentation du nombre de mois travaillés nécessaires à l’ouverture de droits devrait produire un retard à l’indemnisation pour un demi-million de chômeurs. Et ce dès que le « retour à meilleure fortune » – des indicateurs sur l’état du marché de l’emploi – lancera l’application pleine et entière d’une réforme, dont la finalité reste une économie de 2,3 milliards d’euros sur le dos des chômeurs. Et ce, en pleine crise sociale.
À moins de mauvaise fois, l’exécutif aura du mal à maintenir sa communication sur une réforme de progrès luttant contre les inégalités. Mais il ne faut jamais sous-estimer la capacité d’un ministre à défendre l’indéfendable. Dans ce registre, Élisabeth Borne n’a pas hésité à utiliser des arguments lunaires sur l’antenne d’Europe 1 le 30 mars. « Il est faux de dire que des centaines de milliers de chômeurs verraient leurs allocations baisser […], c’est aussi une présentation biaisée de ne parler que du montant mensuel de l’allocation ». Pour elle, une baisse mensuelle de revenu de 53 € à 264 € sur une allocation inférieure à 1000 € n’est pas l’essentiel, puisque l’indemnité est versée plus longtemps avec la réforme. En moyenne de 3 mois supplémentaires (de 11 mois à 14 mois) selon l’Unédic.
Mais en réalité, pas vraiment : de très nombreux chômeurs qui alternent période de travail et de chômage retournent justement dans l’emploi avant la fin de leurs indemnités. D’où les 2,3 milliards d’économies. Ce sont ces « permitants » de l’emploi qui seront les plus percutés par la réforme.
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