« Quand je regarde les dix dernières années on s’est beaucoup amélioré sur le taux d’emploi des seniors ». Déclaration d’Emmanuel Macron début octobre 2019 à Rodez au cours d’un débat sur la réforme des retraites. C’est vrai : le taux d’emploi des plus de 55 ans est passé de 30% début 2000 à 52% en 2019. Mais brandir ce simple argument pour repousser, encore, l’âge de départ à la retraite est un peu léger. D’autres chiffres viennent contrebalancer cette apparente bonne nouvelle. Et ils sont inquiétants.
Aujourd’hui, plus de 900.000 personnes âgées de plus de 50 ans sont inscrites à Pôle emploi en catégorie A (sans aucune activité). Un chiffre qui a plus que doublé en 10 ans. Si l’on ajoute les catégories B et C (en activité réduite) les seniors sont même 1,4 millions ! Dans ses publications, Pôle emploi l’écrit noir sur blanc : « L’allongement de l’âge légal de départ à la retraite et la suppression de la dispense de recherche d’emploi (depuis 2012, pour les + de 57 ans – NDLR ) expliquent l’augmentation de la part des seniors parmi les inscrits ».
Pire, ils subissent de plein fouet le chômage de longue durée, comme le rappelle la Cour des Comptes, dans un référé d’octobre 2019 : « Parmi les sans-emplois de 50 ans et plus, le taux de chômeurs de longue durée est passé de 59 % à 63 %, et celui des chômeurs de très longue durée de 38 % à 41 % ». La Cour des comptes s’alarme d’un « risque croissant de trappe à pauvreté » pour les plus de 60 ans et constate qu’ils sont de plus en plus nombreux à bénéficier d’allocations et de minima sociaux.
Un dernier indicateur vient confirmer ces difficultés, pour les seniors, à retrouver un emploi. Celui du taux mensuel moyen de reprise d’emploi. Il est deux fois moins élevé chez les 50 ans et plus que chez les moins de 25 ans. (5,3% contre 10,8% au 2e trimestre 2019 selon Pôle emploi).
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