Depuis le 10 janvier dernier, les accompagnantes des élèves en situation de handicap (AESH) du Val-de-Marne sont en grève illimitée. Elles – la profession est féminisée à plus de 95 % – exigent une véritable reconnaissance de leur fonction et un statut de fonctionnaire. Elles sont aujourd’hui embauchées par le Rectorat.
Si leur profession est maltraitée de longue date, c’est la mise en place généralisée des Pôles inclusifs d’accompagnement localisé (PIAL) qui a fait déborder leur colère. Ces dispositifs imposeront aux AESH de couvrir plusieurs établissements. De 10 à 15 dans le second degré. Avec pour conséquence que nombre d’entre elles ne pourront plus effectuer de services de cantine ou de centres de loisirs. Or, sans ce double emploi, leur rémunération ne dépasserait pas une moyenne de 750 € par mois. Un salaire peu inclusif pour faire vivre une « école inclusive ».
Si la mise en œuvre au forceps des PIAL, avec les modifications de contrat de travail que cela implique, a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, les revendications des AESH vont bien au-delà. Outre le retrait des avenants à leur contrat de travail imposé par le Rectorat et l’abandon des PIAL, elles exigent : la liberté de choisir les modalités de prise de leurs jours de fractionnement, le reclassement dans la grille indiciaire académique comme voté en CTA en mars 2020, un statut de fonctionnaire avec l’accès aux primes REP et REP+, un vrai salaire à temps complet pour 24 heures par semaine.
Soutenues par plusieurs syndicats (Solidaires, CGT, FSU et FO), les AESH mènent leur lutte dans une indifférence quasi générale. Si une première manifestation le 19 octobre dernier avait été soutenue par quelques enseignant·es et la principale fédération de parents d’élèves (FCPE), depuis elles luttent quasiment seules. Elles ont pourtant été de toutes les mobilisations du mois janvier auprès des enseignant·es en grève et lors de la journée interprofessionnelle du 27 janvier. Une rencontre avec le Rectorat de Créteil le 3 février n’a rien donné, celui-ci restant sourd à leurs revendications et renvoyant la patate chaude au ministère. Pire encore, le rectorat a annoncé que son budget lui permettait seulement d’augmenter la rémunération de la moitié des effectifs AESH du département, espérant créer la division au sein du mouvement.
Pour l’instant, les AESH tiennent bon. Plusieurs fois par semaine, elles mènent des actions décidées lors d’assemblées générales régulières. Ce mardi 8 février, elles se rassembleront, cette fois devant le Ministère, pour exiger d’entre entendues. Elles espèrent avoir le soutien des enseignants et des parents d’élèves.
David Sauzé
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