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Retraites : des AG pour « aller chercher les étudiants un par un » avant le 31

 

Dans les campus, partout en France, des étudiants et enseignants syndiqués tentent d’informer le plus massivement possible sur le contenu de la réforme des retraites afin de grossir les rangs des manifestants dans la rue. En attendant le rendez-vous du 31 janvier, des AG ont lieu tout au long de la semaine. 

 

Il faut le reconnaître : ce mardi, à l’université d’Évry, le rendez-vous donné sur la pause de midi ressemble « plus à une intersyndicale qu’à une AG ». Adrien, co-secrétaire de Sud dans l’Essonne, l’admet avec le sourire. Il lance tout de même la question du jour à la volée : « quel peut être notre rôle dans cette mobilisation contre la réforme des retraites ? ». En face de lui se tiennent une dizaine d’enseignants et de personnels administratifs membres de l’intersyndicale locale. Au fond de l’amphi, quelques étudiants curieux, en cursus de sociologie et d’informatique, sont tout de même venus écouter.

À leur demande, Adrien déroule un diaporama exposant les grands axes de la réforme, et les principaux contre-arguments. L’un des étudiants, Ryan, engagé à La France Insoumise, a tracté devant sa fac… Et en a vu les limites : « beaucoup de jeunes ne se sentent pas concernés car ils ne travaillent pas encore. Ils restent concentrés sur leurs études ».  Ce n’est pas seulement le cas des étudiants. « Il y a encore des collègues qui pensent qu’ils ne sont pas touchés par la réforme », témoigne Heike, enseignante syndiquée SNESUP-FSU, à qui l’un d’eux a récemment rétorqué : « je suis né en 64, je ne suis pas concerné ».

 

Après la manifestation de la Nupes, quelle suite pour la mobilisation des jeunes ?

 

Le besoin de mieux informer est donc incontestable, selon plusieurs participants à l’AG. Et puis, il y a aussi ceux qui « donne la priorité au présent : boucler les fins de mois, manger », témoigne Carine, syndiquée SNASUB-FSU. Parmi ses collègues du personnel administratif, technique et des bibliothèques, « il y a beaucoup de gens avec des petits salaires, qui survivent ».

 

« Les salaires, c’est aussi le sujet »

 

« Il faut aller leur dire que la misère étudiante, c’est aussi le sujet. Que les salaires, c’est aussi le sujet », insiste Jean-Renaud Pycke, secrétaire CGT de l’université d’Évry. La CGT est en dehors l’intersyndicale d’Évry, mais celui-ci a tenu à participer à l’AG du jour. « Il faut libérer la parole, demander aux gens, aux jeunes, leurs revendications : c’est la seule chance de massifier. Beaucoup se sentent bel et bien concernés mais se disent : je suis pauvre et à ma retraite je le serai encore plus, voilà tout ».

Mélissa, étudiante en sociologie, le concède : cela fait longtemps que la jeune femme pense que sa génération n’aura pas de retraite, et subira un système de capitalisation à l’américaine. « Le bon angle d’attaque pour les étudiants, ce serait par exemple le taux de chômage. Il faut qu’on puisse trouver un point de vue particulier, un angle d’analyse » qui mobilise ses pairs, abonde-t-elle.

« Cette réforme frappera de plein fouet l’ensemble des personnels de l’ESR et plus particulièrement les plus précaires déjà en difficulté (salaires faibles, carrières incomplètes, généralisation des vacations le plus souvent non mensualisées…) », déplore l’intersyndical de l’université d’Évry (SNASUB-FSU, CFDT, SNESUP-FSU, SNPTES-UNSA, SUD, UNEF).

 

« Aller chercher les étudiants un par un »

 

Le temps presse. Il ne reste que quelques jours avant la seconde journée nationale de mobilisation, le 31 janvier. Partout en France, des étudiants et personnels tractent, discutent, organisent des rassemblements. Au Mirail à Toulouse par exemple, « on diffuse tous les jours des tracts pour appeler à une nouvelle assemblée générale ce jeudi 26 », raconte une militante. Tous ont conscience de l’urgence du calendrier : la crainte du 49-3 ou d’un 47-1 plane. « Il faut réussir à taper très fort le 31 janvier, être extrêmement efficaces », presse un participant de l’AG d’Évry.

Comment s’adapter vite à la réalité du terrain ? « Si les gens ne viennent pas à nous, c’est à nous d’aller vers eux. Il n’y a qu’une solution : faire des tournées de bureaux, et des tournées d’amphi », propose Adrien de Sud.

Les étudiants dans la salle y sont tout à fait favorables. « Il faut aller chercher les étudiants un par un », appuie Ryan, qui suggère même d’organiser des AG dehors, devant la fac. Malgré le froid mordant de la période, cette suggestion remporte aussi l’adhésion générale.

 

Coordination d’AG dans plusieurs villes : vers des blocages ?

 

« Entre le SNU (service national universel), le projet de réforme des bourses qui ne sortira pas la jeunesse de la précarité, des services publics sous-financés, une sélection qui va être renforcée par la nouvelle réforme de l’entrée en Master, nos organisations se mobiliseront pour mettre en protection sociale la jeunesse, et faire de l’accès à l’enseignement supérieur un droit et non un privilège », défend la Coordination nationale étudiante dans son communiqué du 17 janvier. Cette coordination regroupe les syndicats UNEF et l’Alternative.

Elle rassemble des bases syndicales dans « une trentaine de villes. C’est un outil important de mobilisation », soutient Victor Mendez, président de l’UNEF-Tacle à l’université de Nanterre et membre du NPA. La coordination appelle à organiser, dans cette trentaine de villes, des AG ce mercredi.

« Notre but c’est de mettre totalement en grève la fac », soutient Victor Mendez. « Le 31 sera notre point d’appui. Là, on est dans une phase explicative : il s’agit de faire comprendre aux étudiants qu’ils ont un rôle à jouer. Celui de massifier les manifestations. Si la jeunesse rejoint, cela donnera énormément de confiance aux travailleurs ».

 

Une vingtaine d’étudiants de l’EHESS en garde à vue : ce qu’il s’est passé

 

Ce mercredi, les lycées aussi sont en mouvement. La Voix Lycéenne a aussi appelé à la tenue d’AG ce jour. En outre, « nos fédérations départementales seront très mobilisées jusqu’au 31 pour tracter, échanger devant les lycées, mener des actions diverses pour convaincre et amplifier le mouvement », indique le syndicat, à l’image de ce qu’il se passe chez les étudiants.