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En attendant le 7 mars : « pour la reconductible il y aura une part d’improvisation »


En attendant le 7 mars et le potentiel début d’une grève reconductible, Rapports de Force donne la parole à des syndicalistes. Aujourd’hui, Juliette Lamoine, secrétaire générale du syndicat lyonnais de l’énergie (CGT) rattachée à la Fédération Nationale des Mines et Énergie (FNME-CGT), décrypte la mobilisation dans son secteur.

 

Rapports de force : votre fédération appelle à la grève reconductible dès le 7 mars. Avez-vous le sentiment que les salariés vont s’emparer de cette date ?

 

Ce qui nous rassure, ce sont les taux de grévistes lors des dernières journées de mobilisation. Chez Enedis, par exemple, sur Lyon et sa métropole, nous avons oscillé entre 50% et 66% de grévistes en fonction des journées. On sait que les agents sont très remontés, donc il va forcément se passer quelque chose.

Pour ce qui est de la grève reconductible, il faut savoir que la métropole lyonnaise n’a pas forcément la même culture de lutte que les bastions de la fédération de l’énergie que sont Marseille et la région parisienne. C’est un territoire qui concentre les états majors régionaux, il y a donc énormément de travailleurs du tertiaire. Il y a seulement 6% de salariés de l’exécution, environ 40% de cadres et le reste, ce sont des agents de maîtrise. Ce ne sont pas des salariés qu’on peut organiser « à l’ancienne » et qui vont spontanément monter des piquets de grève où les rejoindre.

Pour mener la grève reconductible, plusieurs options ont été mises sur la table par nos adhérents lyonnais ce lundi 27 février : faire 3h ou 4h de grève tous les jours, pour désorganiser la production ou bien des journées de grève entière tous les mardi et les jeudis. La deuxième option a semblé être préférée mais rien n’est acté, tout dépendra des AG du lundi 6 mars et des jours suivants. Il y aura forcément une part d’improvisation.

 

Votre fédération, la FNME-CGT, a exprimé, dès le 19 janvier, sa volonté d’entrer en grève reconductible. Quelle réalité cet appel a-t-il eu à Lyon ?

 

Oui nous appelons à construire la reconductible depuis le 19 janvier. Depuis cette date, il y a eu des actions régulières dans certaines entreprises des industries électriques et gazières. A Lyon, il n’y a pas eu de grève reconductible, encore une fois je pense que c’est lié à la spécificité de notre territoire, qui manque d’une culture de la grève dure, ou alors cela vient de nous, syndicalistes, qui ne parvenons peut-être pas à mobiliser comme il le faudrait.

 

Quelle stratégie pour installer une reconductible dans ce contexte ?

 

Dès lundi 6 mars, nous, les syndicalistes, allons faire le tour des boîtes pour voir ce qui est prévu. Notre enjeu, ça va être de rythmer le conflit par des actions, pour ne pas laisser les grévistes seuls. Tout d’abord il y aura le 8 mars et la journée de lutte pour les droits de femmes, à laquelle appelle évidemment la CGT. Nous nous joindrons au rassemblement qui aura lieu à Lyon le matin devant le MEDEF, pour réclamer l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Nous allons également installer des cafés croissants devant les sites des travailleurs du tertiaire pour les sensibiliser à cette question.

Pour la suite, plusieurs choses peuvent être envisagées : action Robin des bois [ndlr : rendre l’électricité ou le gaz gratuit pour certains établissements comme les crèches ou les hôpitaux]. Ou alors mise en sobriété énergétique de permanences parlementaires. Ça, nous l’avons déjà fait à Oullins [ndlr : le syndicat a coupé l’électricité dans la permanence parlementaire du député Renaissance Cyrille Isaac Sibille]. Des opérations seront peut-être menées par les salariés d’EDF sur le barrage de Cusset et sur centrale nucléaire de Saint-Alban. Enfin, nous avons prévu de nous mobiliser avec les cheminots dès le 9 mars. Nous convergerons sans doute aussi avec les salariés de la chimie, dont les fédérations CGT ont aussi appelé à la grève reconductible et qui sont très présents sur le territoire lyonnais.

 

Crédit photo : Ricardo Parreira