GM&S

GM&S dégraissé en 2017, fermé en 2022 ?

Dans une lettre ouverte aux présidents de la République, de la région et du département de la Creuse, le syndicat CGT de l’ex-usine GM&S demande aux représentants politiques d’agir contre les stratégies du repreneur GMD qui laissent planer la menace d’une fermeture du site pour l’an prochain. Et donc d’une nouvelle saignée d’emplois, après celle de 2017.

 

C’est encore et toujours l’histoire d’un Monopoly ou des entreprises s’achètent, se vendent, empochent des subventions publiques, investissent le moins possible, vident les caisses et laissent sur le carreau des salariés. Mais c’est aussi encore et toujours l’histoire de responsables politiques dont le rôle se limite à accompagner les vagues de licenciements sans broncher. Avec en prime, ici comme bien souvent, le mépris de celles et ceux qui luttent pour sauver leur peau et leur job.

« Je ne suis pas le Père Noël », répondait Emmanuel Macron, à peine élu président, aux 277 salariés de l’équipementier GM&S de La Souterraine dans la Creuse qui l’interpellaient en juin 2017. Ces derniers se démenaient depuis des mois contre la liquidation judiciaire de leur entreprise. Occupation d’usine, menace de la faire sauter, manifestation… déjà tous les ingrédients du désespoir dans un bassin d’emploi ou le travail ne se trouve pas simplement en traversant la rue. Et après avoir vu défiler de nombreux propriétaires en vingt ans : des revendications concernant les donneurs d’ordres (PSA et Renault), l’État et les potentiels repreneurs.

 

Une saignée

 

Mais la douche froide, malgré une lutte dure. En septembre 2017, le tribunal de commerce valide le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) de l’offre de reprise par le groupe GMD. Sur les 277 salariés, seulement 120 seront employés par la nouvelle entité : La Souterraine Industry (LSI) qui a repris l’activité pour un euro symbolique, plus les coûts de dépollution du site. De nouveau interpellé début octobre par des salariés, le chef de l’État se laisse aller à afficher son mépris devant une caméra : « Il y en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils peuvent avoir des postes là-bas ». Il fait ici référence à une fonderie qui recrute, mais située à deux heures de route de l’usine GM&S. Quelques heures plus tard, le discours se fait plus policé : « protéger vraiment les personnes, c’est pas leur faire des promesses en l’air ».

Pourtant, il s’est avéré un an plus tard devant la cour d’appel de Bordeaux que le PSE était entaché d’erreurs de droit, bien que validé par le ministère du Travail (Dirrecte). Jugement confirmé en 2020 par le Conseil d’État. Mais trop tard, même s’il vient éclairer amèrement les promesses, la main sur cœur, du ministre de l’Économie Bruno Le Maire de 2017, de ne laisser personne sur le bord de la route. Un an après, seul 21 des 156 licenciés avaient retrouvé un CDI. Quatre ans plus tard, la direction de l’usine laisse entendre que 2022 sera la date de la fermeture de l’usine à La Souterraine pour les 120 salariés restants.

 

Bis repetita

 

Macron a ouvert son mandat sur l’affaire GM&S, il pourrait bien le refermer sur le même dossier. Samedi 12 juin, le syndicat CGT LSI ex-GM&S lui a adressé une lettre ouverte. « Vendredi 11 juin, Mr Lacroix directeur du site LSI La Souterraine ex-GM&S a annoncé publiquement la fermeture du site en 2022 », écrit le syndicat qui se plaint que GMD n’ai pas affecté de production dans l’usine, malgré des marchés attribués. Une intention confirmée par le quotidien La Montage citant une source syndicale qui évoque une précédente annonce au cours d’un comité d’entreprise.

Une fermeture ou un coup de bluff ? Pour la CGT, le groupe GMD procède ainsi « pour faire pression sur la République pour avoir encore plus de subventions ». Et d’interpeller le chef de l’État dans son courrier : « Allez-vous laisser faire ça ». Pour ensuite interroger les conséquences d’une telle bienveillance à l’égard des entreprises. « Allez-vous accepter cela encore longtemps et vous “étonner” de voir monter des idées nauséabondes dans toutes nos villes, nos villages », souligne le syndicat qui réclame une intervention forte de l’État. État qui pourtant jusque-là a plutôt fait la démonstration de son mépris.